20 ans après sa renaissance, le tramway de Bordeaux atteint l’aéroport de Mérignac. Inaugurée le 29 avril, l’extension de la ligne A dessert aussi l’un des plus grands centres commerciaux de l’agglomération, Mérignac Soleil. L’occasion pour Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, de rendre hommage à ses prédécesseurs, dont Alain Juppé qui a abandonné le projet de métro au profit du tramway : «Un succès populaire pour les habitants, qui constatent l’utilité de l’action publique, un outil d’aménagement urbain qui permet de transformer la ville en donnant aussi davantage de place aux piétons, aux vélos.» L’élu a tout de même souligné les coûts de ce genre d’infrastructure (le projet a coûté 95 M€, dont 8,3 M€ apporté par l’Etat), raison pour laquelle la collectivité ne pourra pas répondre indéfiniment à « l’envie de tramway » exprimée par ses administrés. le réseau totalise aujourd’hui 80 km de lignes.
La fréquentation attendue sur le nouveau tronçon de 4,4 km et 5 stations est de 6.500 voyageurs par jour: passagers aériens de la plateforme qui en draine 6 millions par an, salariés de la zone aéroportuaire et des zones d’activités environnantes, clients et salariés du centre commercial, et habitants de Mérignac. Cette extension, qui a mobilisé l’expertise et le savoir-faire de de Keolis, marque aussi une étape majeure dans le contrat de DSP, renouvelé en début d’année pour une durée de 8 ans, au cours de laquelle l’offre augmentera de 13% pour un chiffre d’affaires cumulé de 2,2 Md€. L’opérateur prépare pour septembre une refonte du réseau de bus, indique Pierrick Poirier, directeur du réseau TBM. L’efficacité de l’offre de mobilité passe par un réseau multimodal et hiérarchisé.
C’est aussi sur la thématique de l’intermodalité que s’est appuyé Etienne Guyot. Ancien président de la Société du Grand Paris, préfet de la région Occitanie jusqu’en fin 2022 et coordonnateur du GPSO, ce grand défenseur et connaisseur des projets de transports a ouvert les perspectives, en rappelant sa ligne directrice: «La mobilité, c’est la possibilité d’être en relation avec les autres, qu’ils se trouvent à 5.000 km ou à 15 km. C’est un moyen de lutter contre le repli sur soi et l’exclusion. Pour cela, nous avons besoin de tous les modes de transport: l’avion, que nous devons rendre plus vert ; la grande vitesse, dont nous n’avons pas le droit de priver les autres territoires ; le TER, le RER métropolitain sur lequel Bordeaux est en avance, des métros comme le Grand Paris Express, mais aussi des routes parce que l’on ne pourra pas déployer du ferroviaire partout.» Si elles traduisent le volontarisme de la puissance publique, ces paroles ne suffiront sans doute pas à convaincre les opposants de tout poil aux nouvelles infrastructures, et les partisans de la démobilité. Etienne Guyot s’est déclaré déterminé à continuer de faire avancer le projet de LGV Bordeaux – Toulouse, «dans la transparence».
Sandrine Garnier