L’AFGNV devient France Mobilité Biogaz. «L’association change de nom pour refléter la réalité du marché et sa dynamique: le passage du GNV au bioGNV. C’est déjà une réalité puisque le bioGNV représente près de 26% de la consommation française de GNV [le double par rapport à 2020] et le bioGNC près de 36% du GNC», a expliqué son président, Erwan Cotard lors d’une conférence de presse le 13 novembre 2023. L’objectif de la filière est d’atteindre un taux d’incorporation de 50% en 2025 et 100% avant dix ans.
Une dynamique de marché qui pourrait se confirmer si l’intégration du bioGNV à la Tiruert (Taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport) est confirmée. En effet, le gouvernement a retenu l’amendement en ce sens du député Renaissance et président du conseil supérieur de l’énergie, Jean-Luc Fugit, dans le PLF 2024. Concrètement, cela autoriserait les producteurs de biométhane de vendre des certificats d’énergies renouvelables aux distributeurs de carburants à partir du 1er janvier 2025. «Cela permettrait de décorréler le prix du bioGNV de celui du gaz fossile sur les marchés, et de renforcer sa compétitivité par rapport au gazole», a expliqué Erwan Cotard. La filière retient donc son souffle avant l’adoption définitive du PLF 2024.
Parallèlement, la filière s’inquiète du projet de règlement européen CO2 pour les véhicules lourds du transport routier de marchandises et de personnes, car le texte exclut le bioGNV des solutions de décarbonation au profit de l’électricité et de l’hydrogène. Le secteur plaide pour la méthode Carbon Correction Factor (CCF) qui permettrait d’inclure le bioGNV et le biocarburant dans le calcul des émissions de CO2. «L’idée est de prendre en compte la part de bioGNV dans le GNV vendu en Europe pour ensuite corriger les méthodes de calcul retenues actuellement», a expliqué Erwan Cotard. Le trilogue doit encore se réunir pour se mettre d’accord sur un texte commun fin 2023 ou début 2024. D’ici là, l’enjeu de la filière est d’obtenir un vote du CCF par le Parlement européen.
France Mobilité Biogaz fait valoir que la filière a structuré un écosystème solide et mature en France, de la production (méthaniseurs) à la distribution (stations d’avitaillement) en passant par les constructeurs de poids lourds: «Cet écosystème est beaucoup plus avancé que les autres énergies et présente une réponse rapide aux enjeux climatiques et sanitaires», a précisé Dominique Ramard, vice-président de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies). La filière souligne ainsi les gains significatifs en termes d’économies de CO2 (-77% sur le cycle de vie d’un véhicule par rapport à un diesel) ; de pollution atmosphérique (-85% de particules fines et -90% de NO2). Autre argument avancé par la filière, la souveraineté énergétique, technologique et industrielle apportée par le biométhane qui peut s’appuyer en France sur une production locale.
Florence Guernalec