«Nous sommes très inquiets! Nous avons absolument besoin du mix-énergétique et nous défendons la possibilité d’utiliser différentes sources d’énergie», affirme Michel Seyt, co-président de la FNTV Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’association professionnelle, le 30 avril. Désormais co-présidée par Abdel Mammad, par ailleurs directeur régional chez Keolis, qui remplace Pascal Favre, la FNTV Auvergne-Rhône-Alpes représente en région 217 entreprises et 12.229 salariés qui opèrent sur tous types de services: lignes régulières départementales et régionales, lignes scolaires, transports à la demande, services occasionnels, lignes nationales, tourisme…
La transition massive des flottes d’autocars n’a véritablement pas été entamée, principalement pour des raisons de coût et d’insuffisance de l’offre industrielle. L’autocar 100% électrique adapté aux missions interurbaines ou de tourisme ne sera pas disponible avant 2035-40. Actuellement, le prix d’un car thermique est de 190.000 € ; celui d’un car rétrofité gaz ou électrique est de 250.000 €, soit 30% de plus qu’un car thermique roulant au diesel. Le prix d’un car rétrofité hydrogène est de 500.000 €. Or, la révision du règlement européen CO2 fixe un objectif de 45% de cars zéro émission d’ici à 2030 (cette obligation pèse sur les véhicules vendus par les constructeurs). Pour les transporteurs, le frein à la conversion est avant tout financier. Aux coûts d’acquisition des véhicules zéro émission, s’ajoutent les investissements dans les équipements d’avitaillement, mais aussi la formation des conducteurs et des équipes de maintenance.
Autre paramètre déterminant: les marchés conclus avec les collectivités locales sur les services réguliers conventionnés, qui représentent en moyenne 80% de l’activité. Pour financer et amortir les véhicules à faible ou zéro émission, les transporteurs doivent disposer d’un délai assez long, ce qui est incompatible avec les contrats actuels. En Auvergne Rhône-Alpes comme ailleurs, la profession a besoin d’un soutien réel des pouvoirs publics pour s’engager dans la transition énergétique. Enfin, les conditions économiques doivent elles aussi refléter les ambitions de décarbonation des autorités organisatrices, car les énergies alternatives au diesel sont aussi plus coûteuses en exploitation.
Du côté des recrutements, si les choses se sont améliorées depuis la sortie de la crise sanitaire, la situation va rester tendue dans les prochaines années, en raison de la pyramide des âges spécifique au TRV. Les plus de 50 ans représentent 40% des effectifs, les métiers de la conduite étant souvent choisis en 2e partie de carrière. L’abaissement à 18 ans de l’âge minimum de passage du permis D peut contribuer à rajeunir les profils, mais l’attractivité reste faible, puisqu’il manque encore 1.000 conducteurs dans la région.
S. G.