Diesel Euro 6, bioGNV, hybride, électrique à batteries, et bientôt thermique rétrofité hydrogène… la flotte de véhicules en circulation à Aubenas présente un large mix énergétique. L’évolution du réseau Tout’Enbus illustre les défis à relever dans les villes moyennes pour développer une alternative attractive à l’automobile, qui reste le mode largement majoritaire. Créé il y a 15 ans à la suite d’une consultation citoyenne, le réseau propose à la fois du transport urbain et des lignes de cars scolaires, et dessert 11 des 28 communes du Bassin d’Aubenas, intercommunalité de 41.000 habitants. Un total de 350.000 validations ont été comptabilisées en 2022, contre 364.000 en 2019, et l’année 2023 marque le retour à la normale de la fréquentation, avec un niveau qui devrait dépasser celui d’avant-crise. Ici, le ticket à l’unité coûte 80 centimes pour un accès illimité sur la journée. Pour compléter les lignes régulières, une offre de covoiturage rurale et solidaire a été lancée avec l’entreprise Atchoum.
Tout’Enbus est aussi l’un des réseaux passés sous la compétence de la Région Auvergne Rhône-Alpes depuis la Loi d’orientation des Mobilités (LOM), à la grande satisfaction des élus locaux. «Ce transfert de compétence nous a permis de supprimer le versement Mobilité, et d’alléger ainsi la taxation sur les entreprises du périmètre», se félicite Max Tourvieilhe, président de la Communauté de communes du Bassin d’Aubenas. C’est désormais la Région qui se substitue au financement apporté par le VM, soit 1 M€ par an, un peu moins de la moitié du budget d’exploitation du réseau Tout’Enbus. Un choix politique assumé par Paul Vidal, conseiller régional délégué aux Mobilités routières, qui précise que la Région n’a pas vocation à tout piloter de loin, mais à faciliter des investissements. En effet, la gestion du réseau est «retournée» à la communauté de communes par subdélégation.
La présentation officielle des véhicules habillés aux nouvelles couleurs du réseau Tout’Enbus s’est déroulée le 2 juin à la gare routière d’Aubenas et dans les locaux voisins de la société Ginhoux, exploitant du réseau depuis sa création. Défenseur d’un large mix énergétique, il adopté le GNV en 2019, puis l’électrique et l’hybride, avant de s’engager l’an dernier dans le rétrofit hydrogène d’une dizaine de véhicules avec le constructeur de batteries GCK, «dont la solution 100% française intègre une pile à combustible Symbio et des réservoirs Faurecia». Les premières homologations sont en cours, ce qui permettra de réaliser des essais complets avant la mise en service. Trois Iveco Crossway et un Crealys rétrofités sont destinés au réseau Tout’Enbus. Ils devraient circuler à partir de la rentrée 2024, et seront alimentés par la future station hydrogène d’Aubenas. Financée grâce au programme régional Hympulsion, dimensionnée pour produire 300 kg d’hydrogène par jour, cette station publique pourra accueillir des poids lourds et des véhicules légers. Elle est située sur la RN 102 (où passent jusqu’à 500 camions par jour), en face de la gare routière.
Sandrine Garnier