Arnaud Rabier
Directeur général d'Agir Transport

« Assistance, formations, échanges, achats… nous répondons à la globalité des besoins de nos adhérents » 

Du 18 au 20 juin 2024 à Montpellier, plus de 110 exposants et plus de 1000 congressistes sont attendus à Montpellier pour les Journées Agir. Arnaud Rabier, directeur général d’Agir Transport, détaille les temps forts de l’événement, ainsi que l’évolution des services de l’association et les nouvelles offres de sa centrale d’achat. 

Propos recueillis par Florence Guernalec

Mobily-Cités : Quelles sont les nouveautés des Journées Agir 2024 ?

Arnaud Rabier : Nous dévoilerons un sondage sur les attentes des Français en matière de la mobilité. Cette enquête viendra nourrir notre thématique de cette édition 2024 sur le transfert modal : nous consacrons la conférence d’introduction aux solutions qui incitent les voyageurs à changer leurs comportements de mobilité et nous l’illustrerons avec le témoignage de l’agglomération d’Epinal. Nous organisons également des conférences sur des leviers possibles de transfert modal comme le MaaS avec l’exemple du réseau de Mulhouse, la gratuité avec Montpellier, ou encore l’usage du vélo avec Angers et Poitiers.
Nous développons également les retours d’expérience exposants que nous avions inaugurés l’année dernière : nous avons ainsi programmé huit rendez-vous avec Iveco Bus, BlaBlaCar Daily et Ekoenergetyka notamment. 

Agir Transport a également programmé une conférence sur l’IA… Quels sont les enjeux de cet outil pour le secteur ?

Si aujourd’hui des logiciels de gestion et d’exploitation utilisent déjà des algorithmes, nous sommes convaincus que demain l’IA servira à améliorer la productivité des opérateurs comme des collectivités notamment grâce à la capacité d’analyse des données. Nous avons donc souhaité organiser une conférence d’information sur le potentiel de l’IA pour sensibiliser nos adhérents : Stéphane Mallard, qui est un conférencier spécialisé dans les nouvelles technologies, animera cette session. 

La transition énergétique figure aussi au menu. Pourquoi revenir sur cette thématique ?

Il est important de faire un point régulier sur l’évolution des filières électrique et hydrogène, car les technologies évoluent vite. La Centre d’achat du transport public (CATP), qui représente à elle seule près de 70% des achats de véhicules neufs, publiera, à cette occasion, une mise à jour de son étude comparative des motorisations. 

Les adhérents d’Agir sont-ils inquiets du règlement européen CO2 qui privilégie l’électricité et l’hydrogène dans la décarbonation des transports lourds ?

Oui, les collectivités ont souvent investi dans des véhicules qui roulent au gaz et les infrastructures nécessaires à leur exploitation. C’est pourquoi nous avons fait du lobbying auprès de la Commission européenne pour que ce règlement n’accable pas les collectivités avec de nouvelles normes qui induisent des coûts supplémentaires non-négligeables. Cette décision qui intervient dans un contexte de baisse des dotations globales de l’Etat, risque de contraindre des collectivités à réduire l’offre de transport. Appliquer cette limitation à l’électricité et à l’hydrogène est totalement contre-productif avec les objectifs de transfert modal. 

Quel est le profil d’Agir Transport en 2024 ?

L’association connaît une croissance régulière depuis une vingtaine d’années : nous sommes ainsi passés d’une trentaine d’adhérents en 2005 à 525 aujourd’hui et de 5 à 34 permanents. Nous sommes présents sur l’ensemble du territoire en assistance auprès des entreprises indépendantes des groupes de transport et auprès des collectivités territoriales et de leurs groupements en métropole et en outre-mer. L’arrivée de nouveaux adhérents nous permet grâce à la mutualisation des moyens de proposer toujours plus de services. 

Quels sont les services que vous développez ?

Nous avons augmenté de manière significative l’offre de formations avec plus de 200 rendez-vous proposés par an contre 50 voici deux-trois ans. Au total, nous avons formé près de 6 000 personnes (collectivités et opérateurs) en 2023. Cet engouement s’explique notamment par le fait que notre secteur devient de plus en plus complexe en termes de normes et de réglementation : les professionnels ont besoin de mettre à jour leurs connaissances sur des sujets très techniques comme l’ouverture de données, les motorisations de véhicules ou des sujets pratiques comme bien choisir son mode de gestion ou la mise en œuvre de la gratuité. Nous proposons désormais une plateforme de services permettant de répondre aux besoins des adhérents dans leur globalité : assistance, formations, échanges, achats. 

La centrale d’achat du transport public (CATP) engrange également d’importants contrats…

En effet, la CATP, qui existe depuis 2011, poursuit son développement avec la confiance d’acteurs importants comme Ile-de-France Mobilités (IdFM) qui nous a confié récemment l’achat de 3 500 bus et cars pour un montant global de 1,8 Md€. Il s’agit d’une belle reconnaissance du travail réalisé par les équipes et une sacrée responsabilité ! La mutualisation des achats permet à tous nos adhérents de bénéficier de prix très intéressants.
Nous avons aussi travaillé pour la première fois sur l’achat de trolleybus pour les réseaux de Nancy et Saint-Etienne. Nous avions anticipé ces besoins en lançant notre propre référencement, car ce marché reste pertinent en termes de TCO, comparé aux bus électriques à batterie ou à hydrogène. 

Quelles sont les principales nouveautés à votre catalogue ?

Nous proposons des prestations intellectuelles : des AMO clés en main pour tous types de projets comme le renouvellement d’une DSP, la création d’opérateurs internes, la réalisation de schémas cyclables, par exemple. Cela permet aux collectivités de gagner du temps sur les procédures d’appels d’offres et de choisir le titulaire de leur AMO.
S’agissant du matériel roulant, nous avons terminé le renouvellement de nos accords-cadres thermiques et nous finalisons le catalogue des véhicules électriques.
Enfin, nous lançons un catalogue de logiciels éditeurs avec une offre beaucoup plus importante qu’aujourd’hui : nous allons ainsi passer de 5 à 10 logiciels référencés à 30-40 à moyen terme pour des applications dans le TAD, le covoiturage, la gestion patrimoniale, la billettique, le transport scolaire, etc. 

Quelles sont les conséquences du succès de la CATP ?

Notre volume d’achat nous permet de challenger les fournisseurs qui veulent être référencés en travaillant sur les prix, les garanties, la standardisation, l’interopérabilité, etc. Car la CATP a permis de développer un canal de vente direct entre les fournisseurs et les acheteurs publics, sans passer par le délégataire. Et donc de favoriser un écosystème de fournisseurs indépendants permettant aux collectivités de bénéficier d’une offre variée à coûts maîtrisés.

 

Un guide pratique sur la coopération entre AOM


Les autorités organisatrices de la mobilité, dans la mise en œuvre de leur compétence d’organisation de la mobilité, sont amenées à coopérer sur des projets communs. Elles y ont d’ailleurs été incitées par la Loi d’orientation des mobilités (LOM) qui fixait, parmi ses objectifs, le développement des transports du quotidien sur tout le territoire national, tous modes de déplacement confondus.

La déclinaison de ces coopérations entre autorités organisatrices de la mobilité peut prendre différentes formes et reposer sur différents degrés de coopération. Elles se heurtent toutefois régulièrement, dans leur mise en œuvre, à des obstacles réglementaires, notamment pour organiser des services au-delà de leurs limites territoriales. Selon les projets envisagés, le montage juridique apparaît plus ou moins complexe à mettre en œuvre. A travers 60 questions/réponses, le guide proposé par Agir Transport explore les différents types de conventionnement et solutions juridiques existantes.

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