Parce que 70% de la biodiversité a disparu en 50 ans, la préservation des ressources de la planète est un engagement au cœur de la stratégie RSE de Transdev France. Alice Lefort nous en détaille les actions et les objectifs, notamment en Région Grand Est.
Mobily-Cités : Quelle est la place de la RSE chez Transdev France ?
Alice Lefort : Transdev a, comme toutes les entreprises, l’impératif de se transformer pour devenir une entreprise toujours plus durable, pour le bien commun et pour nous-mêmes. C’est d’ailleurs dans notre raison d’être : permettre à chacun de se déplacer chaque jour, grâce à des solutions sûres efficaces et innovantes, au service du bien commun.
Nous sommes convaincus qu’en tant qu’opérateur de mobilités, nous devons être acteur de la transition écologique et sociale et accompagner les collectivités dans les territoires dans lesquels nous opérons.
C’est pourquoi nous avons placé la RSE au coeur de notre stratégie. Il ne s’agit pas d’une brique qui vit de manière autonome : au contraire, la RSE irrigue chacun des piliers de notre plan stratégique. Pour Transdev, la mobilité doit être positive : une mobilité durable, inclusive, avec un impact positif pour les territoires et pour nos collaborateurs.
Quelles ont été les lignes directrices pour l’élaboration de votre stratégie RSE ?
La RSE concerne tout le monde. Elle est clé pour notre avenir et les générations futures.
C’est un mouvement d’ensemble : pour réussir cette transformation – car il s’agit bien d’une transformation –, nous avons besoin d’embarquer nos équipes en nous appuyant sur les actions concrètes du terrain. La RSE faisait déjà partie intégrante de notre quotidien, mais nous avons voulu la structurer, pour amplifier notre impact. Nous avons donc coconstruit cette stratégie avec nos collaborateurs et associé nos parties prenantes externes.
Très concrètement, comment avez-vous procédé ?
Nous avons mené une consultation large, dépassant le cadre de l’entreprise. Nous avons interrogé nos parties prenantes externes : les passagers, à qui nos services sont destinés, via des associations de représentants d’usagers ; nos clients collectivités, pour lesquelles nous opérons ces services de mobilité ; et nos fournisseurs. Nous avons également consulté nos salariés et représentants du personnel.
Sur la base de ces interviews, nous avons construit la matrice de matérialité RSE de Transdev France : une façon de hiérarchiser les enjeux économiques, sociétaux et environnementaux, au prisme de l’ambition de notre entreprise et des attentes de nos parties prenantes. Nous avons ensuite défini nos engagements RSE avec le comité de direction, puis élaboré notre plan d’actions, en y associant des collaborateurs de toutes les directions régionales et des services support, afin d’alimenter ces engagements.
Et pour associer encore plus largement les collaborateurs, nous avons fait une consultation en ligne auprès de 10.000 salariés pour prioriser les actions de ce plan.
Nous avons finalement présenté et confronté notre plan d’actions à un comité externe, composé de représentants d’associations engagées pour la protection du climat et l’insertion, afin de nous assurer que nous étions au bon endroit.
Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
Nous avons 6 engagements environnementaux et sociaux, dont le développement économique et social des territoires ; la diversité, l’équité et l’inclusion, mais aussi la biodiversité et la lutte contre le changement climatique.
Une quarantaine d’actions alimentent ces 6 engagements et sont pilotées par 22 chefs de projets. C’est une communauté RSE structurée à tous les niveaux de Transdev France : des fonctions support aux régions et jusqu’à nos filiales locales.
Pourquoi la biodiversité ?
Parce que près de 70 % de la biodiversité a disparu en 50 ans, nous devons agir pour la préserver.
A travers notre partenariat avec CDC Biodiversité et le programme Nature 2050, 7 réseaux Transdev sont engagés sur des projets de renaturation dans les territoires en France, contribuant directement à la restauration de 127.000 m2 de nature, dont le suivi est garanti jusqu’en 2050.
Nous menons également des opérations directement sur les dépôts que nous exploitons. Dans le bassin minier, nous démarrons un programme de renaturation du dépôt de l’agglomération Lensoise ; et à Rivery, près d’Amiens, nous avons déployé un important dispositif de réduction de la consommation en eau. Nous prévoyons de mettre en place une gestion écologique du site pour favoriser la biodiversité et protéger les salariés face aux îlots de chaleur.
Nous avons également déployé à Rouen un dispositif de capteurs de biodiversité, « Leko » : 7 bus à haut niveau de service et un capteur fixe autonome en énergie au dépôt relèvent les signaux de différentes espèces. Ces capteurs permettent de suivre 4 indicateurs pour mesurer l’état de la biodiversité et mesurer l’impact des politiques publiques de renaturation des collectivités : santé de l’écosystème, pollution lumineuse, couverture arborée, eaux de surface. Ce dispositif est lauréat de 3 prix, dont le programme « Propulse » de l’Agence d’innovation des transports. Un vrai succès ! Nous venons d’ailleurs de le déployer sur notre réseau de Versailles.
Et bien entendu, grâce au report modal, à la sobriété et à la transition énergétique, nous luttons continuellement contre le changement climatique, qui est l’un des cinq grands facteurs de pression sur la biodiversité.
Avez-vous une action-clé pour la biodiversité dans le Grand Est ?
À Mulhouse, nous innovons sur la récupération des particules issues des plaquettes de frein des véhicules, lors des freinages, avec nos partenaires Tallano et IVECO. Au lieu d’être disséminées dans la nature et de polluer les milieux, la majorité des particules peuvent être récupérées et traitées sans générer de pollution. Il s’agit d’un projet multi-partenarial que nous affectionnons particulièrement.
Après des phases de tests en conditions réelles sur 50 bus du réseau qui seront équipés dès septembre, nous avons l’ambition de déployer cette solution à l’échelle industrielle.
Quelles actions/réalisations sont déjà mises en place s’agissant de vos autres engagements ?
Nous avons lancé il y a un an un plan ambitieux de sensibilisation à la Fresque de la Mobilité grâce à un partenariat conclu avec les Shifters : nous formons en interne des animateurs à la Fresque pour sensibiliser à la fois nos collaborateurs, mais aussi des collectivités, élèves, citoyens. Notre objectif pour 2024 est de dépasser les 1 000 nouveaux sensibilisés. Nous sommes en bonne voie !
En matière d’accessibilité et d’inclusion, nous avons notamment signé un partenariat avec Handilab, qui est le premier accélérateur d’innovation au service du handicap et de la perte d’autonomie et qui va permettre de contribuer à faire progresser la mobilité universelle en accompagnant des start-ups qui travaillent sur le sujet.
Sur le plan de la sûreté, nous sommes engagés dans la lutte contre le harcèlement scolaire : c’est pour nous une action clé, car nous sommes le principal opérateur de transports scolaires en France, avec plus de 700 000 élèves transportés chaque jour. Grâce à un partenariat avec ADN Kids, une association spécialisée sur les méthodes pédagogiques de prévention du harcèlement scolaire, nous avons formé à Troyes des collaborateurs qui interviendront en classe pour animer des ateliers de sensibilisation avec les élèves, dès la rentrée scolaire de septembre. Lorsque l’on lutte contre le harcèlement à l’école, on lutte également contre le harcèlement dans les bus et les cars scolaires, et rendons ces espaces sûrs pour les élèves.
Sur le sujet de la lutte contre le changement climatique, nous exploitons, à Mulhouse, en partenariat avec la collectivité, des bus alimentés avec du gaz produit à quelques kilomètres seulement du dépôt, issu de la méthanisation. Cette boucle est vertueuse puisqu’elle permet de réduire de 70% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à des bus conventionnels, et de bénéficier essentiellement à la filière locale.
Enfin, en matière de gouvernance, et fortement en lien avec le développement économique et social des territoires, nous avons transformé notre entité de Transdev Reims en société à mission, ce qui est une première dans le secteur des transports publics sur une communauté urbaine. Une société à mission, c’est une société qui tient plus fortement compte de ses impacts sociaux et environnementaux. A travers elle, nous prenons également mieux en compte nos parties prenantes, qui sont représentées dans le comité de mission de l’entreprise, dans notre gestion stratégique. C’est une véritable transformation pour l’entreprise, et la première société à mission du groupe Transdev.
Propos recueillis par Camille Valentin