Près d’un an avant les JOP 2024, où en est l’accessibilité en France ? L’association APF France handicap a tiré la sonnette d’alarme il y a quelques semaines pour souligner le retard pris dans notre pays. Malgré les lois de 1975 et de 2005, les personnes en situation de handicap se trouvent encore exclues de fait de nombreux aspects de la vie en société. Le 30 avril, les militants se sont mobilisés partout en France pour dénoncer l’inaction des pouvoirs publics, sous le mot d’ordre #aupieddumur. Déjà, l’an dernier, l’APF France handicap avait interpellé les 96 préfets de France métropolitaine, garants de la mise en accessibilité des lieux publics et des transports et du respect des Ad’AP (agendas d’accessibilité programmée, censés rattraper les objectifs qui n’ont pas été atteints en 2015). Deux-tiers d’entre avaient ont répondu, et seules 4 préfectures ont ponctuellement établi des sanctions administratives, déplore l’association. Aujourd’hui, sur 1,8 million d’Etablissements recevant du public (ERP), seule la moitié s’est engagée dans une démarche de mise en accessibilité.
Le 6 juin, à l’occasion des Assises de l’accessibilité, un point sur l’accessibilité des transports a été réalisé. Pour le ferroviaire, 730 gares ont été identifiées comme prioritaires. Fin 2022, on dénombrait 84 gares accessibles au niveau national, 184 au niveau régional, et 134 en Ile-de-France. L’objectif n’est pas de réaliser la mise en accessibilité de l’ensemble des gares, mais de constituer un maillage. Le Plan de relance a permis d’accélérer les travaux qui avaient pris du retard en raison du Covid. Et la poursuite des travaux dépend en partie du volet mobilité des Contrats de plan Etat-Région (CPER), qui doivent être négociés dans les prochaines semaines. Le coût moyen de mise en accessibilité est de 15 M€ pour une gare de niveau national. Une dizaine de gares par an sont adaptées dans chaque catégorie, mais les travaux se limitent au bâtiment stricto sensu. Pour prendre le train, les usagers en situation de handicap doivent réserver le service d’accompagnement. Ce qui est envisageable pour un voyage l’est beaucoup moins pour un déplacement quotidien, en RER ou en TER.
Du côté des transports urbains, les chiffres sont éloquents… par leur rareté ! Seules 105 autorités organisatrices de mobilité sur 336 ont répondu à une enquête réalisée par le Cerema l’an dernier. Il en ressort par exemple que 39% des arrêts considérés comme prioritaires restent à aménager. 73 réseaux sur les 105 répondant ont mis en place un service de transport spécifique, et 61% des réseaux proposent des tarifs réduits pour les accompagnateurs des voyageurs porteurs d’une carte mobilité inclusion. Quant à l’information sur l’accessibilité des trajets, elle est disponible dans 34 AOM. La moitié des collectivités locales interrogées ont prévu, comme le stipule la LOM, de se lancer dans la collecte des données d’accessibilité, de manière à les intégrer dans leur outil de calcul d’itinéraire. Sachant que cette collecte des données devait être effectuée avant le 31 décembre 2023, on peut en conclure que l’urgence n’est toujours pas de mise.
Sandrine Garnier