L’innovation au service de la mobilité toulousaine

À partir du 17 mars, Tisséo franchit un nouveau cap dans la modernisation de son réseau en proposant l’expérimentation d’un paiement dématérialisé élargi : après la validation par carte bancaire, voici l’arrivée du paiement par crypto-monnaie pour l’achat de titres sur smartphone Android. Une première en Europe, qui témoigne de la volonté de l’opérateur de transports de toujours innover pour simplifier l’expérience des voyageurs. Entretien avec Sacha Briand.

MC : La crypto-monnaie comme moyen de paiement, quelle drôle d’idée, les moyens habituels ne suffisent pas ?

Sacha Briand : Tisséo est une entreprise résolument tournée vers l’avenir, où l’innovation est une composante essentielle de son ADN. Nous avons toujours cherché à améliorer l’expérience voyageur en proposant des services modernes et adaptés aux usages actuels.

Que ce soit à travers l’évolution de notre offre de transport avec la future 3ᵉ ligne de métro, le téléphérique Téléo, les lignes Linéo, ou encore à travers nos solutions digitales, comme l’application unique, l’e-boutique, ou plus récemment la validation par carte bancaire sans contact et le billet rechargeable, nous avons à cœur de répondre aux besoins de nos voyageurs.

L’ajout du paiement en crypto-monnaie s’inscrit dans cette démarche. Il s’agit d’une nouvelle alternative pour ceux qui sont familiers avec ces technologies, afin de leur offrir une solution de paiement encore plus diversifiée et souple.

MC : N’avez-vous pas peur que la rupture numérique s’accentue encore un peu plus ?

Sacha Briand : Depuis 2018, nos voyageurs peuvent déjà utiliser leur téléphone portable pour valider leur titre sur l’ensemble du réseau. L’interface est simple, intuitive et surtout rapide : aujourd’hui, plus de 150 000 validations mensuelles sont réalisées via ce service.

Avec cette évolution, l’utilisateur aura désormais le choix entre un paiement classique par carte bancaire et le paiement en crypto-monnaie au moment de son achat. Cela représente une vraie souplesse supplémentaire pour les adeptes des nouvelles technologies.

Avez-vous vraiment reçu des demandes spécifiques des voyageurs ?

Sacha Briand : Le service d’achat de titres dématérialisés via smartphone touche un public déjà habitué aux nouvelles technologies. Il nous a semblé pertinent d’explorer cette voie et de sonder nos clients sur leur intérêt pour cette nouvelle solution de paiement.

Dans un monde en perpétuelle évolution, notre capacité à innover est essentielle. Il ne s’agit pas simplement de répondre aux besoins actuels, mais d’anticiper les attentes de demain.

Aujourd’hui, les paiements en crypto-monnaies commencent à se démocratiser. Nous voulons voir si cela correspond à un usage concret pour nos clients et si cette offre peut se généraliser à terme.

Toute innovation à un coût, combien cela va couter à Tisséo et donc indirectement aux usagers et clients ?
L’intégration du module de paiement en crypto-monnaie représente un coût relativement faible pour nous. Seule la brique informatique nécessaire à l’intégration du connecteur a nécessité un investissement d’environ 50 000 euros.

Par ailleurs, Tisséo Voyageurs ne supportera aucune commission sur les transactions et recevra directement les paiements en euros au tarif affiché. L’ensemble du dispositif reste donc peu coûteux et ne représente pas de risque financier pour l’entreprise.

Tisséo est le premier réseau de transport en Europe à proposer cette option ? Pourquoi maintenant ?

Sacha Briand : Effectivement, c’est une première européenne dans le domaine des transports publics ! Nous sommes les premiers à expérimenter ce mode de paiement et nous en sommes fiers.

L’objectif est avant tout de tester son adoption auprès d’un public “geek” et adepte des crypto-actifs. La mise à disposition d’un connecteur fiable et agréé pour ce type de transaction est très récente, ce qui explique pourquoi cette expérimentation intervient aujourd’hui.

Nous ne suivons pas une mode, mais bien une tendance de fond qui pourrait modifier durablement les habitudes de paiement à l’avenir.

Propos recueillis par Pierre Lancien.