Avis au voyageur qui circulera dans les rames TGV de nouvelle génération dont l’arrivée est espérée à partir de 2026 : le comptoir avec son barman pour prendre commande, encaisser, servir, discuter, c’est fini. A la place, le client trouvera des armoires réfrigérées dans lesquelles choisir ses boissons, son plat, mais aussi des fours à micro-onde et deux machines à café etc.
Comme aux caisses automatiques des super marchés, il y aura tout de même une assistance humaine. Et une caméra de surveillance. En tout cas, n’appelez plus cette voiture “bar“ mais “bistrot“. Difficile de prédire si le marketing aura le pouvoir de modifier les habitudes de langage. La SNCF et Alstom qui ont présenté ce train à quelques privilégiés le 11 mars veulent croire que celui-ci enchantera le public.
Pour trouver de la convivialité, il faudra monter à l’étage au-dessus où ils ont aménagé tout l’espace en restaurant avec 28 places assises. Le design original tout en arrondi a sans doute nécessité beaucoup d’heures de cogitation. Reste à savoir si le café et les biscuits ne dégringoleront pas des petites tablettes dont le bord intérieur n’est pas accolé à la paroi.
Pour trouver plus de convivialité et de confort en matière de restauration, le voyageur pourra aussi opter, s’il se déplace sur les lignes Paris-Marseille ou Paris-Lyon-Savoie, pour les trains du concurrent Trenitalia. L’Italien offre une voiture bar traditionnelle ainsi qu’un service ambulant, certes plus coûteux en exploitation pour l’opérateur mais qui constitue un plus.
Autre évolution du futur TGV, si les sièges offrent 5 centimètres de plus en longueur – il faut faire de la place à l’obésité conquérante – on ne pourra plus mettre sa valise à roulette au-dessus de son siège, tout juste un vêtement. Il y a à parier que cela en irritera beaucoup.
La SNCF table sur le fait que ses clients auront le réflexe de la caser sous leur siège où les cale pied disparaissent. Ou de les laisser sur les racks à bagages à l’entrée des voitures. Si la SNCF annonce 20 % d’espace supplémentaire, vu la conception, avec garde-corps réduits au maximum, on peut se demander si l’empilement de bagages lors des grands départs tiendra en équilibre.
En réalité, le bon en avant incontestable réside consiste en la création d’une voiture entière destinée aux personnes en fauteuil roulant. Cinq personnes pourront y accéder de façon autonome et pourront bénéficieront d’une restauration sur place. A noter aussi la création de 8 places de vélos pour voyageurs 100 % écolos.
Il sera intéressant de voir comment Proxima, la compagnie co-dirigée par l’ex-Madame TGV de la SNCF, Rachel Picard, choisira d’aménager ce train, dont elle a passé commande de 1 unités à Alstom en octobre 2024. Elle attend les premiers exemplaires en 2028.
Marc Fressoz