Avec l’ouverture de la gare routière Paris Pershing, située porte Maillot, la capitale se dote enfin d’un équipement structurant, pensé pour accueillir les lignes nationales et internationales dans des conditions dignes d’une grande métropole européenne.
Installée à proximité immédiate du Palais des Congrès, au cœur d’un nœud multimodal majeur (RER E, RER C, métro lignes 1 et bientôt 15, tramway T3b, bus urbains), la nouvelle gare routière met fin à des années de dispersion des arrêts d’autocars, souvent relégués sur l’espace public, au détriment de la lisibilité et du confort des voyageurs.
La gare Pershing offre des quais dédiés aux autocars longue distance, des espaces d’attente couverts, une meilleure gestion des flux et des conditions d’exploitation nettement visibles pour les opérateurs. Elle répond aussi à un impératif urbain : désengorger la voirie et mettre fin aux stationnements anarchiques qui ont longtemps cristallisé les tensions entre autocaristes et collectivités.
Au-delà de l’infrastructure, l’ouverture de cette gare routière envoie un signal clair : l’autocar a toute sa place dans la mobilité parisienne, au même titre que le rail ou le transport urbain. À l’heure où les lignes longue distance jouent un rôle clé dans l’accessibilité des territoires et les mobilités bas carbone, Paris comble enfin un retard souvent pointé du doigt par la profession.
Reste que la gare routière Pershing ne réglera pas, à elle seule, tous les maux de l’autocar à Paris. Question d’échelle, d’abord : avec quatre fois moins de quais que Bercy, notamment pour les opérateurs SLO, le report d’activité sera bien réel… mais mathématiquement limité. Pershing soulage, mais ne remplace pas.
Question de confort, ensuite. Contrairement à Bercy, largement couverte, la nouvelle gare routière est aujourd’hui une gare à ciel ouvert. En attendant l’installation complète des abris, voyageurs et conducteurs devront composer avec la météo parisienne, mais c’est sans compter sur le réchauffement climatique, sans doute y avaient-ils pensé…
Question financière, l’inauguration, le 16 décembre, coïncide précisément avec une hausse de 60 % des tarifs d’accès, désormais fixés à 16 euros par car, aussi bien à Bercy qu’à Pershing. Une équation économique qui interroge, d’autant que les redevances annuelles sont estimées à plus de 4 millions d’euros, pour un investissement initial de 2 millions. De quoi, espérons-le, dégager de confortables marges de manœuvre… à réinjecter rapidement dans la qualité de service des transports en commun…
PL



