C’est finalement Patrice Vergriete qui devient ministre délégué aux Transports dans ce gouvernement Attal: «C’est avec détermination que j’agirai pour améliorer la mobilité des Français ainsi que pour inscrire le transport dans la transition écologique de la France», a-t-il déclaré sur LinkedIn. A 55 ans, cet X-Ponts, ingénieur des Eaux et Forêts, engagé en politique au sein du parti socialiste, et passé par les cabinets de Martine Aubry au ministère de l’Emploi et de la Solidarité, puis de Claude Bartolone à la Ville dans les années 1990, connaît bien les enjeux d’urbanisme. Ministre du Logement dans le Gouvernement Borne, le successeur de Clément Beaune arrive en terrain connu: il y a un an, il était nommé la tête de l’Agence de financement des infrastructures (Afitf) de France, en remplacement de Jean Castex, qui venait alors de prendre la présidence de la RATP. Patrice Vergriete est aussi un élu local, maire de Dunkerque puis président de la communauté urbaine, où il a mis en place la gratuité du réseau de transport public en 2018. Un sujet de tension avec le Gart et l’UTP, plutôt dubitatifs sur la gratuité ? Ou peut-être plutôt un marqueur social, sans compter que la gratuité à Dunkerque a été accompagnée d’objectifs ambitieux de décarbonation, en écho à la réindustrialisation de la ville, et en lien avec le potentiel maritime et le développement des activités portuaires. Et Patrice Vergriete a également été engagé au sein de l’association Intercommunalités de France, et dans la Fédération nationale des agences d’urbanisme.
Les grands dossiers liés au financement des infrastructures, au modèle économique des transports urbains, au développement de l’intermodalité ou aux enjeux de décarbonation ne lui sont donc pas étrangers. Patrice Vergriete d’aura pas besoin de stage de mise à niveau, et tant mieux. La réaction de l’Union TLF, qui représente le secteur du transport et de la logistique, traduit l’urgence des attentes des professionnels : «Nous serons un acteur exigeant et proactif pour accompagner les transitions de notre secteur, défendre la compétitivité de nos entreprises et agir contre tout nouveau projet de taxation», déclare Olivier Poncelet, délégué général de TLF. «L’année 2024 qui s’ouvre laisse subsister de nombreuses interrogations au sein de la filière, dont l’activité peine à reprendre alors même que l’envolée des coûts observée en 2023 se poursuit, tant pour le transport de marchandises que de voyageurs», indique pour sa part Alexis Gibergues, président de l’OTRE. De son côté, la FNTV affirme qu’elle «sera force de proposition pour accompagner cette transition vers une mobilité respectueuse de l’environnement».
Le succès de son action dépendra avant tout de ses marges de manœuvre financière, dans un contexte de forte tension budgétaire. Il y a bientôt un an, Elisabeth Borne, alors Première ministre, annonçait avec Clément Beaune un plan ferroviaire doté de 100 Md€, rappelé d’ailleurs par le Premier ministre Gabriel Attal dans son discours de politique générale… mais dont les contours restent encore à ce jour dans le flou. S’y ajoutent l’accompagnement des mesures de décarbonation des véhicules, le financement du choc d’offre en parallèle du déploiement des zones à faible émission, le soutien aux modes doux et actifs, ainsi qu’aux innovations numériques, au MaaS et à l’automatisation des véhicules… Les attentes sont presque aussi nombreuses que les acteurs du transport et de la mobilité. Quant aux ressources des collectivités, elles sont au cœur des problématiques liées au déploiement des Services express régionaux métropolitains (SERM). Le déplafonnement du versement mobilité, avancé comme une solution de financement des étoiles ferroviaires pour les Régions, est aussi convoité par les métropoles qui ont besoin de faire face aux coûts d’exploitation croissants de leurs réseaux.
Sandrine Garnier