La Cour des comptes présente son programme transport pour les municipales. Le gardien des comptes publics a publié le 15septembre un rapport thématique d’une centaine de pages intitulé La contribution des usagers au financements des transports urbains.
Sans surprise et à l’instar de son récent avis sur les voyages en TER à 1 euro, il tire à boulet rouge sur la politique de gratuité intégrale auxquelles ont cédé les élus de grandes ou moyennes agglomérations comme Montpellier et Dunkerque, ville de l’ancien ministre des Transports, Patrice Vergriete.
Les arguments contre sont connus : « un report modal d’automobilistes très limité », une dégradation du confort liée à la surfrequentation d’un public déjà acquis et un poids élevé pour les finances locales. Conséquence, une capacité d’investissement émoussée limitant l’augmentation de l’offre, levier le plus efficace pour réussir le report modal aux yeux des magistrats. Montpellier se prive de 40 millions d’euros de recettes chiffre la Cour qui place surtout les grandes et moyennes villes dans le collimateur étant donné l’ampleur des investissements qu’elles doivent mener.
De manière globale, la tendance est à l’érosion de la part des recettes commerciales. Elles ne couvrent que 33 % du coût de fonctionnement des réseaux en province et 18 % chez les autorités organisatrices de moins de 100 000 habitants. Avec 45% et des tarifs légèrement réévalués, seule Ile de France mobilités dépasse la moyenne de 41 %. Quant aux investissements, la vente de tickets n’en couvre que 26 % au niveau national.
Logiquement, la Cour recommande d’augmenter le prix du ticket mais aussi de rebattre les cartes de sa politique de tarifs réduits dit sociaux auxquelles « certaines personnes modestes ne sont pas éligibles ».
Au lieu de prix fixés selon le statut, elle recommande de se fonder sur les revenus. Certitude, la politique pratiquée pousse les collectivités à solliciter au maximum possible les finances des entreprises via le versement mobilité et à tirer sur la corde du budget général.
A l’approche des municipales de mars 2026, la Cour des comptes s’inscrit dans l’esprit du bréviaire – intitulé cahier d’acteurs – distribué aux participants d’Ambitions France transport ayant planché le modèle des transports publics.
Ce travail de cadrage, d’ailleurs effectué par des membres de la Cour des comptes et de l’Inspection générales de finances et avait suscité des cris d’orfraie de part d’association d’élus, réglés sur un logiciel obsolète.
La rue Cambon caresse l’espoir de dissuader les candidats aux municipales de mars 2026 de faire miroiter l’extension de la gratuité, un thème populaire chez certaines composantes de la gauche où ce thème est populaire. Un vœu pieu certainement étant donné le niveau du débat public.
Marc Fressoz