Le TER à 1 euro en Occitanie, ça roule un peu mais ça coûte. Voilà en substance l’avis de Chambre régionale des comptes d’Occitanie qui s’être penchée sur la politique tarifaire généreuse mise en place par la région présidée par Carole Delga. Elle a livré les conclusions de son audit flash le 4 septembre.
En 2023, plus de 2,7 millions de billets à 1 € ont été vendus, représentant 12,9 % du volume total de voyageurs-kilomètres et donc une recette de 2,7 millions d’euros. Le manque à gagner a coûté 9 millions aux contribuables régionaux, une addition doublée par rapport aux 4,6 millions chiffrés par la Cour dans un rapport de 2019. Il faut dire que la région a progressivement étoffé sa panoplie de voyages à 1 euro symbolique : Billets week-end et billets jeunes (53% des ventes) jeunes, billets contingentés, billets des cinq lignes historiques. Au passage, les magistrats épinglent des décisions prises à la volée sans étude d’impact. Finalement, cela fait-il reculer la part de la voiture ? Les rapporteurs en doutent.
« Bien qu’animée par la volonté de développer le report modal, la région n’est pas en capacité d’évaluer précisément l’impact de ces offres à 1 € » pointent les magistrats. Certes la fréquentation a cru, mais elle résulte surtout mécaniquement d’une augmentation de l’offre de trains régionaux résultant notamment de la réouverture de la ligne droite du Rhône, suivie cet été de Montréjeau-Luchon. L’Occitanie part de loin : c’est la région où la part du rail est pami les plus basses.
A l’instar de l’Union des transports publics et ferroviaires (UTPF) constamment à l’offensive contre la tentation de gratuité chez certaines forces politiques, les magistrats estiment que le prix n’est pas le levier principal pour attirer un nouveau public sur les rails .Dans un sondage IPSOS de juin 2023, le coût de l’abonnement ou des billets n’arrive qu’en septième position comme motif de non utilisation des transports en commun, après la fréquence des trajets, les horaires et la durée de trajets.
Naturellement, la présidente de l’autorité organisatrice défend sa politique. « Les week-end à 1€ ont généré en moyenne 47% de voyages supplémentaires en comparaison avec les autres week-ends sur les 6 premiers mois de 2024 » chiffre Carole Delga (..)Et d’ajouter dans sa réponse aux magistrats : «Le financement minoritaire par l’usager des trains régionaux de proximité est une obligation économique, sur l’ensemble du territoire national, et pas uniquement en Occitanie ».
Difficile d’imaginer une telle politique tenable dans le contexte de profonde crise des finances publiques. Le TER en Occitanie est le plus dépendant aux déniers publics. Les recettes commerciales versées par les usagers du TER ne financent que 23,4% du coût total d’exploitation du transport ferroviaire en 2022. « C’est le ratio est le plus faible observé sur l’ensemble des régions, la moyenne étant de 32,8%, soit plus de 10 points d’écarts (hors Île-de-France) » souligne la Cour des comptes.
Marc Fressoz