Pas facile de faire payer les voyageurs récalcitrants qui fraudent dans les transports publics. Surtout quand l’objectif des opérateurs est de faire de la pédagogie derrière la sanction. Les réseaux en effet, en plus de recouvrer une partie des montants non perçus, aimeraient bien transformer le fraudeur en voyageur régulier. Cette équation insoluble est au cœur des politiques de transport où le manque à gagner dû à la fraude peut atteindre des records, en particulier si on y ajoute les amendes impayées. A Marseille, le taux de fraude flirte ainsi avec les 25 %, banalisant fortement le non-paiement des déplacements en métros, trams et bus.
Pour tenter d’enrailler le phénomène, la RTM expérimente un nouveau dispositif, l’amende pédagogique. Plutôt que de régler les 50 € d’une contravention, majorés à 100 € en cas de non-paiement immédiat, le voyageur pris en fraude se voit proposer de souscrire un abonnement dans les sept jours. Une formule d’autant plus avantageuse qu’elle tient compte des tarifs adaptés mis en place par la RTM. L’amende reste de toute façon plus élevée que les 73 € de l’abonnement mensuel classique. L’objectif est bien de transformer le fraudeur en voyageur payant son transport, en espérant que cette bonne habitude perdurera. Si les contrôleurs continueront à dresser des contraventions, ils en profiteront également pour remettre aux fraudeurs un dépliant leur expliquant le dispositif et la possibilité d’échapper à l’amende. La mesure déjà testée à Reims et à Rennes restera en vigueur jusqu’à la rentrée 2025.
Philippe-Enrico Attal