La compagnie publique espagnole a décidé un « report » de ses liaisons directes entre Barcelone et Toulouse, censées débuter au deuxième trimestre 2025 sans en dire davantage sur ses plans à moyen terme. Autre révision, son arrivée sur Paris-Lyon sur lequel elle voulait se déployer à l’occasion des Jeux olympiques de l’été 2024, un projet ensuite décalé à décembre 2024 et aujourd’hui ajourné sine die.
Partenaire historique de la SNCF, la RENFE exploite en solo depuis 2023 une ligne Lyon-Barcelone, ainsi qu’une autre Marseille-Madrid. Continuera-t-elle à le faire ? Aucun élément à ce stade permet de répondre par la négative.
L’entreprise ferroviaire a en tout engagé « un processus d’analyse et de réflexion sur sa stratégie globale » en France, en raison des « difficultés et des retards successifs rencontrés dans le déploiement de son offre de services à grande vitesse » a-t-elle annoncé le 4 avril. Elle accuse les autorités françaises, en particulier SNCF Réseau, de lui mettre des bâtons dans les roues. La compagnie peine à faire homologuer ses rames Talgo S-106 qui rencontrent des difficultés de mise au point en Espagne.
« La France met tout en œuvre pour empêcher un véritable processus de libéralisation sur son marché », avait dénoncé fin septembre le ministre espagnol des Transports Oscar Puente, en dénonçant un manque de réciprocité.
L’ouverture du réseau français exerce une pression sur les prix et donc sur les marges de SNCF Voyageurs confrontée à Trenitalia sur le lucratif segment Paris-Lyon. Selon le site de vente en ligne Trainline, l’installation de la Renfe a produit un effet spectaculaire sur les tarifs des billets avec une baisse de « 67% en moyenne sur Marseille-Madrid en 2023 par rapport à 2022 et de 17% sur Lyon-Barcelone ». La tendance baissière s’est maintenue entre l’été 2023 et 2024, le prix moyen sur Barcelone – Lyon reculant de 21%, le nombre de voyageurs augmentant de 244%. » Reste à savoir d’où partait la Renfe et si cette politique agressive ne traduit pas une difficulté à trouver son marché.
Pendant ce temps, depuis 2021, la SNCF déploie allégrement ses TGV Ouigo sur les rails espagnols desservant Barcelone, Valence, Alicante et l’Andalousie.
Marc Fressoz