Trenitalia

La grande vitesse italienne défie l’axe Londres-Paris

08 04 2025 | Actualités

Le Groupe FS Italiane, fer de lance du rail transalpin, annonce son ambition de lancer d’ici 2029 une nouvelle liaison à grande vitesse entre Londres et Paris. Une déclaration d’intention à un milliard d’euros, pensée comme un manifeste stratégique et une démonstration de puissance dans un secteur ferroviaire en quête d’ouverture.

Au cœur de cette annonce : la signature d’un protocole d’accord avec Evolyn, un consortium espagnol emmené par la famille Cosmen, figures aguerries du transport européen. Ensemble, ils veulent faire exister une véritable alternative au quasi-monopole d’Eurostar sur le tunnel sous la Manche. Le pari n’est pas mince : il s’agit de proposer un service inspiré du célèbre Frecciarossa, bijou du design et de la performance ferroviaire italienne. Confort, efficacité énergétique et qualité de service : le luxe accessible sur rails devient leur arme face à la concurrence.

Cette initiative s’inscrit dans le Plan stratégique 2025-2029 du Groupe FS, qui vise à faire de la grande vitesse le levier principal de son développement international. « Le train à grande vitesse est l’épine dorsale d’une mobilité efficace et respectueuse de l’environnement », martèle Stefano Antonio Donnarumma, son directeur général. Pour lui, la concurrence est une promesse : celle d’un secteur plus efficace, plus tourné vers le client, capable de détourner durablement les flux aériens.

Le contexte réglementaire est favorable. Le feu vert donné par l’Office britannique du Rail (ORR) pour accéder au site stratégique de maintenance de Temple Mills marque une étape décisive. En parallèle, les discussions avancent sur les capacités en gare de St. Pancras, et les processus d’autorisations techniques sont enclenchés en France comme au Royaume-Uni.

Ce nouvel opérateur n’arrive pas les mains vides. FS Italiane dispose déjà d’une présence solide des deux côtés du tunnel : Trenitalia France, avec ses Frecciarossa sur les lignes Milan-Paris, Paris-Lyon et bientôt Paris-Marseille ; et Trenitalia UK, qui opère la franchise c2c depuis 2017 et détient 30 % d’Avanti West Coast aux côtés de FirstGroup, un acteur majeur du projet HS2.

Mais au-delà de la seule liaison Londres-Paris, le groupe italien rêve plus large : des extensions vers Lille, Ashford, Lyon, Marseille ou Milan sont déjà à l’étude. Dans cette recomposition à l’échelle continentale, le rail italien entend bien ne plus jouer les seconds rôles. C’est l’idée d’un rail européen plus ouvert, plus fluide, plus intégré – et surtout plus concurrentiel – qui se dessine.

Pierre Lancien

À lire également

Sur la Côte d’Azur, le rail régional change de voie
Sur la Côte d’Azur, la vitrine de la libéralisation du transport ferroviaire régional s’est illuminée. Le premier train jamais confié en France à un nouvel entrant circule désormais chaque jour entre Marseille Saint-Charles et Nice-Ville, desservant au passage Toulon,...
Deux premières rames pour la ligne 18
Un an et demi après la première circulation officielle d’un train sur la ligne 15 Sud, c’est au tour de la 18 de présenter ses rames. Sur cette ligne partiellement en viaduc qui reliera à terme l’Aéroport d’Orly à Versailles-Chantiers à travers le plateau de Saclay,...
Le petit génie de l’Élysée continue de jouer avec le train
C’est officiel, le président de la République Emmanuel Macron ne sera pas capable de désigner le successeur de Jean-Pierre Farandou à la tête de la SNCF avant la rentrée. On l’a appris indirectement, de la bouche du PDG sortant de la SNCF lors d’une conférence de...
« Pas rail « cent » milliards : Farandou sonne l’alerte »
Jean-Pierre Farandou : « Le réseau du futur se décide maintenant » "La SNCF est prête à inventer le train de demain. Mais il n’y aura pas de train du futur sur le réseau du passé", a martelé Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF en conclusion de la conférence...