« Les autocars « Maisonneuve » font cap sur le Biogaz et l’innovation ! »
Mobily-Cités : Comment les autocars Maisonneuve appréhendent la transition énergétique ?
Jean-Baptiste Maisonneuve : Depuis ses débuts, l’entreprise familiale n’a cessé de chercher à améliorer ses prestations afin de maintenir un lien fort avec ses clients et les collectivités. L’investissement continu dans une flotte récente, plus écologique, montre à quel point l’entreprise se préoccupe de la préservation de l’environnement. Signataire de la Charte « Objectif CO2 » dès 2011, l’entreprise Maisonneuve inscrit son développement dans une démarche environnementale volontariste.
Pouvez-vous nous détailler votre parc d’autocars ?
Notre parc est composé de 300 véhicules adaptés aux différentes missions de transport que nous assurons. Pour les lignes régulières et le transport scolaire, nous utilisons principalement des autocars Crossway d’Iveco. Ce sont des véhicules robustes et adaptés aux besoins du transport d’élèves de tous âges.
Dans le domaine du tourisme, notre flotte comprend environ une trentaine d’autocars Vanhool, reconnus pour leur confort et leur capacité à offrir une expérience agréable lors de voyages longue distance. Aujourd’hui, la majorité de notre flotte respecte la norme Euro 6, ce qui garantit une réduction significative des émissions polluantes.
Nos investissements et choix de matériel s’alignent sur les orientations des collectivités avec lesquelles nous collaborons. Le Sytral notamment, encourage l’utilisation du biogaz, ce qui nous permet de nous concentrer sur des véhicules au gaz, et plus particulièrement au biogaz, en accord avec les exigences environnementales et les appels d’offres.
Votre matériel roulant au gaz nécessite des infrastructures particulières d’avitaillement. Comment avez-vous abordé cette problématique ?
Nous avons déjà installé trois stations internes et pour compléter cet équipement, nous utilisons également les stations publiques pour recharger nos véhicules avec le gaz issu du réseau. Nos véhicules sont ainsi directement connectés à ces stations, garantissant un approvisionnement fiable et efficace.
L’idée de vous associer capitalistiquement à des méthaniseurs pour maîtriser les coûts de l’énergie n’est-elle pas un projet en soi pour vous ?
Nous avons effectivement envisagé différentes solutions pour mieux maîtriser les coûts de l’énergie, et cela inclut des partenariats avec des acteurs locaux. Par exemple, nous sommes partenaires d’un agriculteur qui a installé un méthaniseur. Nos autocars se rendent directement chez cet agriculteur pour faire le plein de biogaz et nous approvisionner en gaz de manière locale et directe.
À Belleville, au siège de l’entreprise, nous avons fait le choix de ne pas investir dans une station de gaz, car notre communauté de commune souhaitait s’en charger. Nous les avons accompagnés en nous engageant sur un volume de consommation. Aujourd’hui, nous représentons environ 70 % des volumes consommés sur cette station.
Par ailleurs, non loin de cette station, un méthaniseur est en cours de construction par la même collectivité, et le gaz produit sera réinjecté dans le réseau. Cela nous permet de continuer à acheter du biogaz de manière locale, en circuit court, tout en soutenant l’économie et les initiatives environnementales de notre territoire.
Avez-vous des ambitions d’investissement dans des méthaniseurs, des centrales hydroélectriques ou encore des participations dans des champs éoliens ou des parcs photovoltaïques ?
À ce jour, hormis les investissements dans les stations de gaz sur nos dépôts, nous n’avons pas prévu de nous lancer dans ce type de projets. Les Autocars Maisonneuve restent avant tout un transporteur et je pars du principe que chacun doit se concentrer sur son cœur de métier. Pour l’instant, nous ne sommes pas des énergéticiens. Notre mission reste de faire fonctionner nos véhicules de manière efficace et durable.
Quelle est votre position concernant l’électrification de votre parc ?
Nous avons investi dans un bus électrique, mais pour l’instant, nous restons des observateurs prudents. Ce dernier nous permet de tester et d’acquérir une expérience sur les aspects d’entretien et de recharge. Cela nous donne une idée concrète des défis que pose l’électrification des véhicules, notamment en termes d’infrastructure et de gestion de l’énergie.
Le coût des véhicules neufs est encore relativement élevé pour que nous puissions envisager un remplacement massif de notre flotte par cette technologie.
L’électricité et le gaz sont deux solutions qui peuvent jouer un rôle complémentaire dans la transition énergétique du secteur des transports. L’électricité est une solution pour les véhicules légers dans les zones urbaines, alors que le gaz (surtout le biogaz) est souvent privilégié pour les véhicules lourds et les trajets longue distance.
Je tiens à souligner que le biogaz présente des avantages environnementaux bien plus importants que l’électricité si l’on prend en compte l’ensemble du cycle de vie, du « puits à la roue. ». En effet, le biogaz, issu de la méthanisation des déchets organiques, permet de valoriser des ressources locales renouvelables, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Contrairement à l’électricité, dont la production et le stockage, notamment via les batteries, peuvent générer une empreinte écologique importante, le biogaz offre une solution circulaire et durable, particulièrement adaptée aux besoins de transport à faible impact environnemental.
Vous semblez très engagé dans la technologie gaz. Quels sont, selon vous, les principaux avantages de cette technologie par rapport à d’autres alternatives ?
En effet, notre expertise actuelle se trouve principalement dans la technologie gaz. Nous avons structuré l’entreprise pour optimiser l’usage de ce carburant, avec trois stations internes de compression et d’alimentation de gaz. Tous nos ateliers sont maintenant équipés pour entretenir les véhicules au gaz. Un des avantages majeurs de cette technologie est l’absence de livraisons de carburant : le gaz arrive directement par les tuyaux, éliminant ainsi les risques de pollution. Il y a également moins de risques de vols.
Avez-vous des projets d’installation d’ombrières photovoltaïques pour répondre à la loi « Aper » ?
La loi « Aper » va effectivement nous contraindre à installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures de nos entrepôts. Nous allons bien sûr nous conformer à cette législation. L’électricité générée par ces panneaux nous permettra non seulement de couvrir les besoins énergétiques de l’entreprise, mais aussi de recharger les batteries des futurs véhicules électriques dans lesquels nous pourrions investir.
Pensez-vous que l’éco-conduite puisse avoir un impact sérieux sur de la consommation et donc sur les émissions de Co2 ?
Oui, absolument. La formation des conducteurs est essentielle, c’est véritablement le nerf de la guerre pour réduire notre consommation de carburant. Nous avons formé de nombreux conducteurs, non seulement en leur faisant passer le permis, mais aussi en organisant des sessions spécifiques sur l’éco-conduite, avec l’aide de notre formateur.
Cette démarche a eu un impact immédiat, non seulement sur la réduction de la consommation de carburant, mais aussi sur l’accidentologie. Une conduite plus douce et plus anticipative permet non seulement de faire des économies significatives, mais également de réduire le nombre d’accidents, ce qui est bénéfique à la fois pour nos conducteurs et pour l’ensemble de nos opérations.
Quelle est la trajectoire de l’entreprise aujourd’hui ?
Aujourd’hui, nous visons avant tout la stabilité. Nous avons beaucoup investi dans le gaz, et dans l’acquisition de nouveaux véhicules adaptés à cette énergie. Nous avons également travaillé en étroite collaboration avec les collectivités territoriales pour leur fournir des informations précises sur nos besoins en volume de consommation, ce qui leur a permis de faire des choix éclairés pour investir dans des infrastructures de recharge.
Abandonner le gaz serait, à mon avis, une erreur, car il présente de nombreux avantages en termes d’efficacité et de durabilité. Cette continuité dans nos investissements et cette volonté de collaborer avec les acteurs locaux sont au cœur de notre stratégie pour les années à venir.
Propos recueillis par Pierre Lancien