358.000 pass gratuité demandés sur 500.000 habitants dans la Métropole, une augmentation de 23,7% de la fréquentation des bus et trams de Montpellier entre le premier trimestre 2019 (année de référence) et le premier trimestre 2024 à offre équivalente. Ce tout premier bilan de la gratuité universelle, mise en œuvre depuis le 21 décembre 2023, s’avère, sans surprise, un succès. Cependant, ces chiffres doivent encore être affinés au fil des mois et ces résultats seront impactés par l’augmentation à venir de l’offre de transport. Il faudra aussi attendre les résultats de l’enquête ménage (réalisée probablement en 2026) pour mesurer l’évolution des parts modales. En attendant, la Métropole observe une baisse visible du trafic automobile dans la ville-centre, mais préfère rester prudente à ce stade, en l’absence de données chiffrées. «Notre projet de transformation systémique des mobilités à l’échelle de la Métropole, destinée à décarboner les déplacements et à donner une alternative à la voiture, fonctionne, car la gratuité ne se fait pas au détriment du vélo», a expliqué Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, le 14 mai 2024 lors d’un point avec la presse. En effet, les points de comptage installés sur les pistes cyclables montrent une augmentation journalière des vélos de 17,2 % sur la ville-centre et de 16,2% sur la Métropole entre 2022 et 2023, alors même que la gratuité était déjà effective pour tous le week-end, et tous les jours pour les moins de 18 et les plus de 65 ans.
La mise en œuvre de cette gratuité s’est accompagnée par la création, en septembre 2023, d’une police métropolitaine des transports. L’objectif? Protéger les usagers les plus vulnérables et renforcer la confiance dans le système de transport public pour favoriser une alternative à la voiture. Cette police, composée de 20 agents aujourd’hui (42 prévus à la fin de l’année 2024), est chargée de lutter contre les incivilités: pieds sur les fauteuils, téléphone en haut-parleur, obstructions à la fermeture des portes, etc. Un nouveau forfait de verbalisation de ces incivilités de 50 € à été mis en place. Résultat, 444 contrevenants ont été verbalisés sur les mois de février et mars 2024, contre 30 sur la même période l’année précédente. Surtout, la Métropole souligne que les incivilités ont baissé de 26% entre le 1er trimestre 2019 et le 1er trimestre 2024 (119 atteintes aux agents TaM, aux biens TaM et contre les voyageurs recensées contre 161). «La gratuité ne veut pas dire augmentation des incivilités, à condition de mettre les moyens sur la sécurité», a souligné Michaël Delafosse.
Préparer les recettes fiscales de demain
L’AOM estime la perte de recettes due à la gratuité à 30 M€ en 2024, les trajets payés par les voyageurs ne résidant pas dans la Métropole rapportent, en moyenne, 500.000 € par mois. «A terme le coût de la gratuité pourrait représenter 35 M€ de chiffre d’affaires, sur la base d’une hypothèse de perte de 90% de la recette tarifaire. A ce coût, il conviendra d’ajouter la TVA, puisque qu’en effet, si la Métropole ne verse pas de TVA sur la subvention forfaitaire au titre de l’exploitation du service de transport, elle doit s’en acquitter pour les mesures de compensation des réductions tarifaires, soit un enjeu financier supplémentaire qui peut être estimé à 7 M€», indique la Chambre régionale des comptes d’Occitanie dans son rapport de février 2023.
Sur le plan fiscal, Michaël Delafosse rappelle que la mise en œuvre de la gratuité n’a pas entraîné d’augmentation des impôts, car elle est financée par le dynamisme du VM: 121 M€ de recettes attendues en 2024 contre 91 M€ en 2020. La subvention forfaitaire d’exploitation à la SPL TAM s’élève à 123 M€ dans le budget primitif 2024, soit 21,7 M€ supplémentaires «seulement» par rapport à 2023, en raison d’une baisse des dépenses d’énergie. A court et moyen terme, la Métropole assure que la gratuité reste financée, même si l’augmentation de l’offre entraînera mécaniquement une augmentation des coûts d’exploitation liée notamment à la mise en service d’une 5e ligne de tram et au prolongement de la ligne 1 à partir du second semestre 2025. Michaël Delafosse explique que le budget général devra sans douter compenser cette hausse en 2026. En revanche, dès 2027, l’augmentation des recettes du VM devrait permettre de couvrir ces coûts d’exploitation supplémentaires…
Enfin, Michaël Delafosse assure que la gratuité des transports ne fait plus débat à Montpellier, y compris au sein des milieux économiques, car elle fait partie des facteurs d’attractivité du territoire: «Aujourd’hui, le premier défenseur de la gratuité, c’est le président de la CCI! Par ailleurs, les présidents du Medef et de la CPME territoriaux reconnaissent que, dans un contexte inflationniste, la gratuité est bienvenue pour leurs salariés…» Ce dynamisme économique s’accompagne d’un dynamisme démographique: le nombre d’habitants a augmenté de 1,8% dans la Métropole entre 2014 et 2020, selon l’Insee, soit en moyenne 8.455 habitants de plus par an, synonymes de taxes foncières supplémentaires… Michaël Delafosse résume ainsi les vertus de sa politique de mobilité: «Cette stratégie d’investissement dans les transports prépare les recettes fiscales de demain.»
Florence Guernalec