Grand Paris Express : pourquoi le métro de la ligne 18 produit un effet euphorisant

24 06 2025 | Actualités

Bonne élève du Grand Paris Express car partie pour être la première à ouvrir en octobre 2026, la ligne 18 qui connectera les Yvelines à Orly, a aussi pour vertu de produire un effet euphorisant sur ceux qui la font naître.

Ces derniers n’ont pas boudé leur plaisir lors du dévoilement officiel, le 17 juin au dépôt de Palaiseau (Essonne) de deux premières rames livrées par Alstom.  Limitées à 47 m de long et à 2,5 m de large, leur capacité réduite par rapport au matériel des autres lignes est adaptée à la moindre fréquentation attendue sur celle-ci.

 « Cette ligne c’est un peu mon bébé » s’est livrée Valérie Pécresse, la présidente d’Ile-de-France Mobilités (IDFM) gommant du même coup les tensions qui ont pollué les relations avec le constructeur en retard sur la livraison de nombreux programmes. Voici le temps des embrassades. « On aime, on ne compte pas et on récidive, tous nos matériels sont désormais Alstom ! » a-t-elle souligné, adressant « un merci » à Henri Poupart Lafarge, le directeur général d’Alstom. Celui-ci n’était pas en reste vis-à-vis de la Société des grands projets qui a passé commande du matériel et d’IDFM le signataire du chèque :« Un grand merci à vous car vous nous avez fait confiance et vous nous permettez de présenter le meilleur d’Alstom. »

Comment expliquer ces effusions ? Sans doute les caractéristiques de la ligne 18 inspirent-elles l’optimisme et l’espoir d’une mise au point sans anicroche alors que la SGP a dû repousser l’ouverture de la ligne 15 sud de la mi-2025 au quatrième trimestre 2026 en raison de la complexité de la phase d’essais bien mal anticipée. Dotées de rames et de systèmes du même acabit, les 16 et 17 souffrent également d’un report. Promis, avec la 18, il n’y aura pas de retard « L’objectif est devant nous, c’est octobre 2026, nous le tiendrons !» assure Jean-François Monteils, le patron de la SGP.

« Il est plus simple de concevoir une ligne reliant un point A à un point B qu’une infrastructure qui s’insère dans une grande boucle. En outre les rames achetées et leur système d’automatisme sont éprouvés puisqu’ils existent sur le catalogue d’Alstom et fonctionne dans différents pays, en Italie, en Allemagne etc. » liste un connaisseur.

La philosophie en matière de réalisation de la ligne diffère. « Sur la ligne 18, nous sommes responsables de l’ensemble, nous fournissons les rames comme sur les trois autres lignes, mais aussi les systèmes de signalisation, une partie de la voie, et nous réalisons l’intégration de ces sous-systèmes » détaille Henri Poupart-Lafarge.

Une unité de commandement qui contraste avec l’éclatement des responsabilités choisie par la SGP pour le trio 15, 16 et 17 où elle a confié la fourniture des systèmes tantôt à Siemens, tantôt à Hitachi (ex-Thalès) ce qui multiplie les interfaces dans le traitement des problèmes. En somme, le 18 semble être un bon numéro.  

Voici le programme à venir : mi-juillet, Alstom débutera les premiers essais de circulation, en sous-traitant à une équipe spécialisée de Keolis la gestion du poste à commandes centralisées. « C’est un contrat spécifique distinct de la DSP confiée à Keolis pour exploiter la ligne » résume un responsable de la SGP. D’ici fin 2026, la totalité des 15 rames commandées (pour 199 millions d’euros) auront été livrées. 10 rames seront nécessaires à l’exploitation du premier tronçon (Massy-Palaiseau—Christ de Saclay), les 5 autres s’ajouteront à l’ouverture du deuxième tronçon Massy-Orly) fin d’année 2027. Restera le dernier maillon programmé entre le plateau de Saclay et Versailles en 2028.

Et déjà, certains font campagne pour étirer la ligne à l’est, jusqu’à Boissy-Saint-Léger à l’instar de François Durovray avec sa casquette de président du département de l’Essonne et de son homologue du Val de Marne. « Cela permettra de rentabiliser cette ligne 18 » assure l’ex-ministre des Transports.

Marc Fressoz

 

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