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François Bonneau
Président de la Région Centre Val-de-Loire

« La mobilité pour tous et partout »

 

Avec la loi NOTRe de 2015, le législateur avait fait le choix d’une très forte montée en puissance de la Région comme autorité organisatrice de la mobilité. Bien plus qu’un simple transfert de compétences entre deux niveaux de collectivités, c’est une nouvelle étape décisive pour la mobilité de nos concitoyens qui s’en est trouvée engagée avec une ambition que nous portons depuis lors en Centre-Val de Loire : proposer une offre de transport intermodale, réactive, innovante, accessible et écologique. Avec son réseau REMI, lancé dès la rentrée 2017, la région Centre-Val de Loire a tout d’abord fait le choix de l’identification alors qu’entre les différents réseaux existants et l’offre SNCF, tant ferroviaire que routière, l’usager se trouvait face à une offre multiple et peu lisible. En s’appuyant sur la carte JVMalin, titre de transport unique et commun entre la Région et les réseaux urbains, l’expérience voyage pour l’usager s’en est ainsi trouvée renforcée. Un seul réseau, un support commun à tous les réseaux régionaux, des horaires optimisés avec des correspondances renforcées. C’est sur ces bases que le réseau REMI a été lancé et ces valeurs constituent encore aujourd’hui le moteur de nos évolutions.

Avec son réseau ferroviaire dense, la Région dispose d’une véritable colonne vertébrale des mobilités et ce n’est pas un hasard si aucune ligne n’a fermé depuis plus de 25 ans sur notre territoire. Région expérimentatrice des TER dès 1998, le Centre- Val de Loire demeure depuis lors l’une des plus engagées sur le développement du ferroviaire et l’a encore démontré en 2020 avec la conclusion d’un accord, alors inédit, avec le Gouvernement pour la sauvegarde des Lignes de desserte fine, 6 au total sur notre territoire. Il n’était pas envisageable pour nous de laisser fermer ces lignes de proximité au moment où l’on parle d’un essor des mobilités durables et c’est avec cette volonté que près de 250 millions d’euros ont été investis pour leur sauvegarde. Mais s’arrêter à la seule régénération ne serait pas à la hauteur du moment, c’est pourquoi nous voulons aller au-delà. A titre d’exemple, la ligne Tours-Loches, ouverte après travaux voilà un an, a vu son offre doublée et la fréquentation bondir, preuve si besoin était que miser sur ces lignes permet un vrai gain pour les habitants. Nous demeurons également très engagés sur les questions de décarbonation alors que ce sont principalement des matériels diesel qui desservent ces lignes de proximité. En accueillant le premier essai en ligne ouverte du train hydrogène d’Alstom ou en nous engageant dans l’expérimentation du train hybride à batteries, nous aspirons à adapter notre matériel aux réalités de chaque territoire en misant également sur les prototypes de trains légers qui ouvriront de nouvelles possibilités de densification de l’offre.

La sauvegarde de ces lignes a aussi permis de faire avancer les projets de services express régionaux métropolitains qui se structurent sur notre territoire. Avec son étoile ferroviaire déjà existante autour de Tours et celle qui émerge autour d’Orléans, nous faisons le pari de la complémentarité. Entre les métropoles, tout d’abord, dont les coopérations et le renforcement de la liaison ferroviaire tirent toute la région vers le haut, mais également de la coopération entre rural, périurbain et urbain. L’enjeu n’est donc pas seulement le renforcement de trajet pendulaires qui convergeraient vers les grandes villes, mais de proposer également une offre répondant aux flux inverses qui permettent le maintien d’emplois, notamment industriels, très présents en ruralité. Loin des modèles de concentration métropolitaine, nous défendons une approche de coopération où les étoiles ferroviaires brillent tant pour les villes que pour les campagnes.

A côté de ce réseau ferroviaire, la Région déploie également un réseau de cars dont l’ambition est au moins aussi forte, tant sur les questions de desserte que de motorisation. A titre d’exemple, la Région s’est d’ores et déjà engagée à bannir l’usage des cars diesel d’ici à 2028 avec des choix de motorisation adaptés à la réalité de chaque territoire : électrique, biogaz et sans doute très prochainement hydrogène, tout est mis en oeuvre pour que dans 5 ans, ces cars aient réussi cette transition. Chacune des DSP conclues prévoit ce volet motorisation et naturellement un renforcement et une adaptation permanente aux usagers. Alors que durant des années, des cars pouvaient circuler malgré une fréquentation très faible, nous revendiquons une approche centrée sur les usages, plus proche des territoires et qui est capable d’évoluer très rapidement en fonction des contraintes. L’une des clés de la réussite réside néanmoins dans la ressource humaine indispensable que constituent nos conducteurs de cars et leur fidélisation. C’est pourquoi dans chacune de nos délégations, nous encourageons, en assumant le surcoût, nos opérateurs à penser leurs réseaux de manière globale afin de proposer aux conducteurs des contrats à temps plein, un élément souvent souligné pour mieux conserver les salariés récemment formés par la Région.

« Premier budget de la Région, la mobilité est aussi le point d’attention prioritaire de nos concitoyens »

Le deuxième volet routier concerne naturellement les transports scolaires avec dès la rentrée 2017, l’instauration de la gratuité d’accès pour toutes les familles. Une décision prise très tôt et qui rappelle que le transport fait partie intégrante du temps scolaire et que, tout comme l’école, la gratuité est l’un des éléments qui permet son universalité. C’est aussi un enjeu social que de proposer, même dans les territoires les plus ruraux, une offre de transport pour nos enfants, avec une motorisation qui demeure encore majoritairement diesel mais qui, là encore, entame sa révolution. Nous avons été les premiers en France à accueillir un car diesel rétrofité en électrique, une innovation portée par Transdev et Retrofleet, et à l’occasion du dernier congrès des Régions, nous avons commandé 20 cars complémentaires afin d’accompagner l’industrialisation du procédé et sa généralisation future. Le chaînon manquant que nous développons se passe au plus près des territoires au travers des mobilités rurales que nous impulsons. Qu’il s’agisse d’un transport à la demande centré sur l’usage (desserte de marchés, d’équipements culturels ou de santé, de services publics…) ou encore tout récemment de voitures électriques en autopartage en milieu rural qui se déploient dans 6 EPCI test d’ici fin 2023, nous voulons compléter l’offre collective par une offre sur mesure, accessible en proximité et réactivité.

Enfin, nous avons lancé au 1er septembre dernier la gratuité totale sur le réseau REMI pour les jeunes les week-ends et jours fériés. Fruit d’une concertation avec le conseil régional de la jeunesse, cette décision, unique en France est d’ores et déjà un immense succès avec plus de 100 000 voyages gratuits en moins d’un mois, avec un volume ascendant chaque week-end !

C’est donc une mobilité totale que nous voulons proposer à tous les habitants du Centre-Val de Loire, adaptée aux territoires urbains comme ruraux, en transport tant ferroviaire que routier, avec une tarification socialement équitable et qui permettra à terme une gratuité totale en permanence pour nos jeunes. C’est une ambition qui se traduit par un engagement budgétaire très important et qui ne cesse de croître. Premier budget de la Région, c’est aussi le point d’attention prioritaire de nos concitoyens. Face à ces enjeux environnementaux et sociaux, nous sommes fiers de porter notre réseau REMI dans toutes ses déclinaisons.

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