Plus de 100.000 postes à pourvoir d’ici à 2030, dont la moitié de conducteurs: les besoins de formation et de recrutement du secteur des transports publics et ferroviaires ont été recensés par l’UTP. Les principales causes sont le développement de l’offre de mobilité et le rythme des départs en retraite. Parallèlement, deux diagnostics ont été dressés, l’un pour les transports urbains, l’autre pour le ferroviaire, afin d’affiner les besoins, de déterminer les priorités et de proposer des pistes d’évolution. Engagée dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt Compétences et métiers d’avenir porté par France 2030, cette démarche doit permettre d’impulser une nouvelle dynamique pour ce secteur, confronté à une pénurie de main-d’œuvre accentuée depuis la sortie de la crise sanitaire. L’UTP a organisé une matinée d’échanges sur le sujet le 21 juin, sur le campus LEA-CFI d’Orly (Val-de-Marne), avec lequel une convention a été signée.
«C’est la première fois que les entreprises du secteur, qui peuvent se retrouver en concurrence dans leur activité quotidienne, se retrouvent pour construire des solutions communes de formation et de recrutement. Il faut reconnaître que depuis la sortie du Covid, notre secteur a été défaillant, faute de personnels de conduite et de maintenance notamment, à servir les usagers», déclare Marie-Ange Debon, présidente de l’UTP. Fraîchement réélue à la tête de l’organisation professionnelle, elle insiste sur «la nécessité collective de travailler à l’attractivité des métiers et des formations liées à la mobilité», mais aussi sur la féminisation des profils et l’inclusion. La réflexion n’est pas nouvelle, et certaines initiatives ont déjà débuté, comme la campagne «Bougez les lignes», qui vise à mieux faire connaître les carrières de la mobilité et du transport.
Autre projet d’envergure : la création d’une école de la conduite décarbonée «hors les murs», qui doit permettre d’accroître la mise en commun des compétences, et donc de faciliter les parcours d’un mode à l’autre. Les avancées dans l’ouverture à la concurrence dans le ferroviaire, et les projets de développement du fret font émerger là aussi de nouveaux besoins, la formation des personnels ne pouvant plus reposer sur la seule SNCF.
Les chantiers sont multiples et les besoins se font sentir à toutes les étapes du parcours professionnel, de la formation initiale à la reconversion. De la même manière, et même si les conducteurs représentent une bonne moitié des postes à pourvoir, les recrutements s’effectuent à tous les niveaux, du CAP au Master. Et les transitions écologique et numérique en cours vont faire évoluer les compétences recherchées. Des compétences qui peuvent d’ailleurs être partagées avec d’autres secteurs. Le déploiement de l’électromobilité implique des besoins en techniciens spécialisés dans les batteries, qui ne sont pas spécifiques au transport. Les formations peuvent donc être partiellement mutualisées avec d’autres secteurs. Dans cette optique, l’UTP a engagé des contacts avec l’Union des industries minières et métallurgiques (UIMM). L’attractivité passe aussi par la visibilité, et donc par la définition de cursus estampillés «transports publics et ferroviaires». Pour les métiers de la conduite par exemple, l’absence de formation initiale dispensée par l’Education nationale va enfin être réparée, avec le nouveau CAP «Conducteur agent d’accueil en autobus / autocar», devenu possible par l’abaissement à 18 ans de l’âge minimal requis pour le passage du permis D. L’apprentissage est aussi un vecteur puissant d’ancrage pour les jeunes, qui favorise l’acculturation au secteur via l’immersion dans l’entreprise. Le nombre de contrats d’apprentissage a été multiplié par 3 depuis 2017, tous secteurs confondus, pour atteindre 837.000. L’aide de 6.000€ aux employeurs est maintenue jusqu’en 2027, a rappelé notamment la ministre en charge de la Formation et de l’enseignement professionnels, Carole Grandjean.
Sandrine Garnier