Eurostar change d’échelle. L’opérateur européen, filiale de SNCF Voyageurs, vient de confirmer une commande de jusqu’à 50 trains à deux niveaux auprès d’Alstom. Un investissement de près de 2 milliards d’euros pour donner corps à son ambition : transporter 30 millions de passagers par an et s’imposer comme le leader européen du voyage ferroviaire international.
Ces rames, baptisées Eurostar Celestia, marquent une première historique. Pour la première fois, des trains à deux étages franchiront le tunnel sous la Manche pour relier, sans rupture de charge, les six pays du réseau Eurostar : Royaume-Uni, France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne et, demain, Suisse. Un symbole fort de la libre circulation européenne sur rails.
Construit sur la plateforme Avelia Horizon d’Alstom, ce matériel nouvelle génération conjugue performance, élégance et sobriété énergétique. Moins gourmand de 20 % en énergie, recyclable à 97 %, il offre une architecture repensée qui pourra accueillir jusqu’à 1 000 voyageurs par rame double. À bord, le design exclusif signé Eurostar promet une expérience « à la fois européenne et contemporaine », selon la direction de l’entreprise.
Derrière cette esthétique raffinée se cache une stratégie assumée. Depuis la fusion des réseaux Eurostar et Thalys en 2022, le groupe n’a cessé d’élargir son empreinte. Ces nouveaux trains accompagneront l’ouverture de liaisons vers Francfort et Genève, tout en consolidant les axes majeurs Paris-Londres, Amsterdam-Bruxelles et Cologne. Ils viendront aussi soutenir la croissance du trafic post-pandémie, dans un contexte de forte demande pour les mobilités bas-carbone.
Pour Alstom, ce contrat confirme le succès industriel de la gamme Avelia, déjà choisie par la SNCF pour le futur TGV M. Pour Eurostar, il s’agit d’une bascule stratégique : standardiser la flotte, réduire les coûts d’exploitation, et renforcer sa compétitivité face à la montée des nouveaux acteurs ferroviaires.
Les premières rames entreront en service au printemps 2031. Un horizon qui paraît lointain, mais qui dessine déjà les contours d’un nouvel âge du voyage européen : plus rapide, plus durable, et plus beau. Avec Celestia, Eurostar ne commande pas seulement des trains : il trace la voie d’un continent enfin relié par le haut.
Pierre Lancien