En forme, Eurostar entend garder un ou deux coups d’avance avant l’arrivée de concurrents sur les liaisons transmanche, son pré carré depuis 1994. La compagnie ferroviaire compte s’étendre jusqu’en Suisse et en Allemagne en ouvrant un Londres-Genève et Londres-Francfort, sans compter une desserte continentale entre Amsterdam et Genève « au début des années 2030 » a annoncé sa présidente Gwendoline Cazenave à l’occasion de l’annonce des résultats 2024, le 10 juin. Le transporteur va aussi passer à cinq rotations par semaine entre Londres et Amsterdam au mois de décembre contre trois actuellement.
Tributaire de l’arrivée de rames neuves, l’opérateur reste naturellement imprécis quant à la date d’extension de son rayon d’action. « Nous n’avons pas encore choisi le constructeur, nous y verrons plus clair dans quelques mois » précise la compagnie qui a absorbé Thalys en 2022. En bonne santé financière avec un Ebitda de 346 millions d’euros en 2024, positif pour la troisième fois, l’entreprise « investira environ 2 milliards d’euros dans l’acquisition de jusqu’à 50 nouveaux trains qui seront tous habilités pour circuler sur son réseau ». Son parc actuel compte 51 rames.
Sauvée des eaux par ses actionnaires après le Brexit, la filiale de la SNCF a les reins solides après avoir refinancé l’an dernier sa dette bancaire réduite à 650 millions d’euros. De quoi saper le moral de ses concurrents virtuels déclarés, Virgin Rail, Heuro, Gemini trains ? Tous tentent aujourd’hui de récolter des fonds auprès de banques et d’investissement pour acheter des trains. Seul Trenitalia auquel s’est alliée la néo compagnie Evolyn part d’une base existante.
Au total, Eurostar a transporté 19,5 millions de voyageurs (+ 5%) en 2024 mais son chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros n’a progressé que de 2%. La société vise à terme 30 millions de de passagers. Elle a distillé quelques informations prouvant le fort potentiel de croissance du transmanche malgré les tracasseries du Brexit, en dressant le palmarès de ses dessertes « les plus performantes » en 2024. Londres–Paris a gagné +280 000 passagers, Londres–Bruxelles +250 000 passagers, Paris–Bruxelles +160 000 passagers, Paris–Pays-Bas +140 000 passagers.
Une manière de dire qu’il y en aura pour tout le monde, c’est-à-dire beaucoup pour Eurostar et un peu pour les autres !
Marc Fressoz