Après bientôt deux mois d’attente, de rumeurs, de ballons d’essai et de noms soufflés à voix basse dans les couloirs du pouvoir, la Régie autonome des transports parisiens tient enfin son patron si le Parlement appelé à se prononcé en janvier l’accepte. Emmanuel Macron a tranché. Son choix annocé le 18 décembre s’est porté sur Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE – Réseau de transport d’électricité, figure reconnue de la haute administration industrielle, et profil éminemment politique.
La nomination met fin à une période de flottement peu compatible avec les enjeux colossaux qui s’accumulent à la RATP : ouverture à la concurrence en Île-de-France, climat social tendu, transformation industrielle, transition énergétique, gouvernance sous surveillance. Il fallait un nom. Il fallait surtout un signal. L’Élysée l’a envoyé.
Xavier Piechaczyk n’est pas un homme du rail urbain, mais c’est un homme de systèmes, de réseaux, d’infrastructures critiques. Ancien élève de l’ENTPE et d’un master MPMT à l’École des Ponts et Chaussées, passé par la Cour des comptes, il incarne cette génération de hauts fonctionnaires techniciens façonnés à la gestion des grandes machines publiques. À RTE, qu’il dirige depuis 2020, il a piloté un opérateur stratégique, au cœur des débats sur la souveraineté énergétique, la décarbonation et la sécurité d’approvisionnement, dans un contexte de tensions inédites.
Son parcours porte aussi une marque politique assumée. Proche de François Hollande, ancien directeur adjoint de cabinet de Delphine Batho au ministère de l’Écologie, Piechaczyk appartient à cette galaxie de profils capables de naviguer entre administration, industrie et pouvoir exécutif. Un « hollandisme » technocratique, compatible avec le macronisme, qui rassure l’État actionnaire autant qu’il cadre la gouvernance de la régie.
Cette nomination est tout sauf neutre. Elle traduit la volonté de l’exécutif de reprendre la main sur un opérateur central du quotidien francilien, à l’heure où la RATP n’est plus seulement une maison historique mais un groupe exposé à la concurrence, en France comme à l’international. Le message est clair : fin de l’intérim prolongé, fin de l’incertitude, place à un pilotage ferme.
Reste désormais l’essentiel : transformer l’essai. Car si la lumière est enfin allumée à la RATP, le chantier, lui, ne fait que commencer.
Pierre Lancien



