Ebusco : Une usine sous tension et l’avenir en jeu à Cléon
Les difficultés financières d’Ebusco, l’entreprise néerlandaise spécialisée dans la fabrication de bus électriques, inquiètent les autorités locales et régionales. A Cléon, en Seine-Maritime, où l’usine d’assemblage a été implantée dans le cadre du plan de relance de l’État, l’attente se fait longue pour l’arrivée des premiers véhicules. Entre retards, incertitudes financières et menaces de pénalités contractuelles, le chemin de la transition énergétique se montre semé d’embûches.
Inquiet de ces retards, le préfet de la Région Normandie et celui de la Seine-Maritime ont récemment rappelé leur vigilance dans un courrier adressé à l’entreprise et aux services régionaux. « Les services du conseil régional et de la Métropole Rouen Normandie sont en lien étroit avec Ebusco pour suivre la situation, » précise le document. La tension est palpable dans cette collaboration, nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par les engagements publics et les investissements conséquents déjà engagés.
Un chantier prometteur, mais un financement incertain
Lauréate du plan France 2030, Ebusco devait initialement recevoir entre 70 000 et 800 000 euros de subventions. Pourtant, dans son récent courrier, le préfet a évoqué la possibilité de revoir ces montants à la baisse, voire de réclamer un remboursement des aides si les engagements pris ne sont pas respectés. Cette décision, en suspens jusqu’aux conclusions du rapport en 2025, pose une sérieuse menace pour l’entreprise. En effet, ces aides publiques sont vitales pour stabiliser les finances de l’usine et assurer le bon déroulement des opérations.
Les retards constatés dans la livraison des bus électriques commandés par la Métropole de Rouen, un client important, exacerbent la situation. Une commande de 95 bus est actuellement en attente, situation qui impacte également l’usine d’Ebusco en France. Le 24 octobre, un plan de restructuration a été validé par l’entreprise, dans un effort de réduction des coûts et d’optimisation de la production. Ce plan prévoit une économie de 30 millions d’euros, en supprimant plusieurs emplois et en rationalisant les processus.
Une pression supplémentaire sur l’entreprise
Pour l’État et les collectivités territoriales impliquées, les retards d’Ebusco ne peuvent pas durer éternellement. La Métropole de Rouen, par exemple, pourrait exiger des pénalités contractuelles si les délais de livraison continuent d’être repoussés, accentuant la pression déjà forte sur l’entreprise. « Cela pourrait précipiter son placement en procédure collective », selon un expert proche du dossier. La situation de Cléon devient ainsi un symbole des difficultés auxquelles font face les entreprises engagées dans la transition énergétique en France, entre ambitions écologiques et contraintes économiques.
Au-delà de l’impact local, le cas Ebusco à Cléon interroge sur la capacité de l’industrie française à mener de front innovation technologique et gestion des risques financiers. La transition énergétique, bien que prioritaire, demande un soutien constant et des garanties pour éviter que des projets d’envergure ne vacillent, au risque de mettre en péril des emplois et des investissements publics.
Un avenir sous surveillance
La préfecture de Seine-Maritime, dans sa lettre du 17 octobre, appelle l’entreprise à renforcer ses engagements. Le suivi de l’État, combiné à l’implication des autorités locales, permettra de juger si Ebusco peut répondre aux attentes placées en elle. Les discussions se poursuivront et les décisions finales ne seront pas connues avant la transmission des résultats en 2025.
D’ici là, l’avenir de l’usine de Cléon reste suspendu, entre espoir et incertitude, et constitue un test grandeur nature pour l’avenir de l’industrie de la mobilité électrique en France.
Pierre Lancien