« Nous avons adapté le service aux premières embauches chez Airbus à 4H45 »
La gestion directe du réseau de transports publics via une société publique locale (SPL) va bien aux élus de l’agglomération de Saint-Nazaire comme l’explique Christophe Cotta le président de la Société des transports de l’agglomération nazairienne (STRAN). Parmi les atouts vantés, une souplesse dans l’application et une adéquation avec les besoins de la population. Une façon de témoigner de la bonne utilisation du versement mobilité vis-à-vis des contributeurs.
Mobily-Cités : La gestion directe, est-ce une tradition à Saint-Nazaire ?
Christophe Cotta : Historiquement, la ville de Saint-Nazaire et son agglomération ont toujours préféré exploiter en régie un certain nombre de services publics, les transports, l’eau, les ordures ménagères, la restauration scolaire, les piscines. La STRAN (Société des transports de l’agglomération nazairienne) a connu plusieurs statuts comme celui de SEM avant que nous adoptions celui de SPL en 2012 à son apparition. Nous voulions conserver une gestion directe des questions de mobilité, car cela permet une application rapide des décisions sans avoir à passer par un délégataire extérieur et avoir à renégocier le contrat, un processus toujours lourd. Chez nous, le délégataire est présidé par le vice-président aux mobilités et directement piloté par les élus. Ainsi, depuis l’origine, tous les maires de l’agglo sont au conseil d’administration de la STRAN.
L’actionnariat de la SPL a beaucoup évolué et vous avez même accueilli une collectivité voisine de la vôtre, pourquoi ?
Le département est sorti de la STRAN lorsqu’il a perdu la compétence transport. Aujourd’hui, l’agglomération de Saint-Nazaire est majoritaire, les maires de chacune des 10 communes de l’agglomération siégeant au conseil d’administration de la SPL même si concernant Saint-Nazaire, c’est moi qui représente le maire. Si l’Agglo comptait 20 ou 30 communes, ce schéma serait sans doute plus compliqué à tenir. Récemment, la communauté de communes voisine de la nôtre, Cap Atlantique La Baule-Guérande Agglo qui rassemble une quinzaine de communes a souhaité bénéficier de notre service de location de vélo électrique Vélycéo et pour pouvoir en bénéficier, la SPL ne pouvant agir que pour ses membres, Cap Atlantique est rentré comme actionnaire de la STRAN. Mais venant de relancer une DSP fin 2024 pour son réseau de bus, elle n’a pas montré son intention d’aller plus loin. À l’inverse, Cap Atlantique a une autre mutualisation avec nous qui concerne la ligne La Baule-Saint-Nazaire dont nous payons une quote-part du financement.
Pourquoi estimez-vous que la gestion directe répond mieux aux besoins ?
Les projets définis par l’agglomération Saint-Nazaire sont déclinés par la SPL où siègent donc les maires des différentes communes. On ne retrouve pas toujours une telle cohérence alentours. Par exemple, dans deux communes voisines, les maires sont en attente d’une amélioration de l’offre de services qui leur est proposée pour l’une, Besné, par la région et pour l’autre, Pornichet, par l’opérateur de Cap Atlantique. Voyant notre action pour augmenter l’amplitude de nos lignes, ils aimeraient voir la fréquence des bus passer à 20 minutes au lieu de 30 minutes. Mais ces communes sont soumises aux décisions de ces deux autorités organisatrices qui ne souhaitent pas augmenter leur offre. Si Cap Atlantique satisfait cette demande, toutes les communes de son agglo vont vouloir une ligne à 20 minutes au lieu d’une demi-heure, argumente-t-elle. Le régime de la SPL est tout de même bien plus intéressant quand elle gère en direct le réseau sur l’ensemble d’un territoire sans être dépendante d’un tiers.
Savez-vous chiffrer les économies que peut entraîner la gestion directe ?
Il est clair que nous ne rémunérons pas nos actionnaires, le montrant du contrat donné à la STRAN pour exploiter le bus le stationnement et le vélo est calculé au plus juste prix, tout comme les évolutions mise en place pour répondre aux nouveaux besoins nouveaux qui se font jour. Je dirais que l’avantage d’être en SPL est de pouvoir prendre des décisions directes sans avoir à demander à quelqu’un de mettre en application une politique publique et vérifier a posteriori si cela répond ou pas à nos attentes. Avoir autour de la table du conseil d’administration des maires, c’est une facilité et un plaisir de travail qui permet de bien piloter l’entreprise en confiance.
Dans quelle mesure la structure Agir vous permet-elle de bénéficier de bonne pratique de savoir mutualiser et cetera ?
C’est tout à fait essentiel, l’équipe de la STRAN est très souvent en contact avec Agir dès que le besoin d’avoir un soutien juridique, une expertise, une analyse, se fait sentir. Le directeur est également très impliqué dans les ateliers directeurs qui se tiennent régulièrement, les prochains ayant d’ailleurs lieu à Saint-Nazaire. Nous avons eu des débats par exemple sur le billet unique, je me satisfais pleinement de ces échanges très riches.
Pensez-vous que le thème de la gratuité va surgir à l’occasion des municipales ?
On peut s’y attendre parce que notre opposition au conseil municipal défend souvent ce thème. À chaque fois qu’il est apparu, nous avons toujours exprimé notre point de vue.
Quels sont vos projets de développement ?
Nous menons un projet de 3 lignes BHNS pour 170 millions d’euros, baptisé Hélyce Plus, Hélyce étant le premier projet lancé en 2012 et nous sommes en train d’augmenter le nombre de lignes et de le coupler avec un VHNS : des lignes de Vélos à Haut Niveau de Service.
Que représentent les recettes commerciales par rapport au VM et dans quelle mesure rendez-vous un service aux industriels ?
Elles génèrent environ 3,5 millions d’euros sur 23 millions de charges de fonctionnement, la part apportée par le VM étant très élevée. Nous avons deux usines Airbus sur le territoire, sans compter les chantiers navals qui sont aussi un gros contributeur. Dans le cadre du projet Hélyce +, nous avons fait en sorte d’encore mieux desservir toutes les zones d’emploi de l’agglomération. En échange de la contribution des entreprises, nous nous sommes engagés à apporter davantage de services à leurs salariés comme alternative crédible à la voiture. Depuis septembre 2024, nous avons avancé d’1h30 le démarrage d’un service pour permettre les premières embauches chez Airbus à 4H45. La ligne existait déjà mais ne permettait pas aux salariés d’arriver à la première embauche. Voilà comment nous répondons aux attentes des entreprises. La décision a été prise en 5 minutes c’est l’avantage de la SPL et la modification a été appliquée à la rentrée scolaire.
Propos recueillis par Marc Fressoz