C’est un véritable cri d’alarme que lance la présidente de la région Occitanie Carole Delga. Le réseau ferré français est condamné à mort à brève échéance si rien n’est fait pour le sauver. Ce constat alarmiste, ce n’est pas la présidente de région qui le dresse mais… SNCF Réseau qui ausculte le réseau ferré. Sur les 30 000 km de voies, près de 13 000 sont ainsi menacées, celles qui relèvent du réseau secondaire, autrement dit toutes ces petites lignes qui poussent loin à travers les territoires. En moyenne, ce maillage représente 43 % du réseau ferré national avec des disparités importantes selon les régions. En Occitanie, ce pourcentage grimpe à 52 % parmi lesquels 70 % sont sérieusement menacés. D’ici à 2032, il faut investir 800 M€ pour préserver ces dessertes sur l’un des réseaux les plus vétustes de France, précise Carole Delga. Cet effort d’investissement est demandé aux régions dans un contexte de baisse des dotations, moins 392,5 M€ depuis 2023. Un montant à rapprocher des 715 M€ (67 % des besoins) investis sur le réseau secondaire par l’Occitanie depuis 2008.
Pour autant, Carole Delga insiste sur les efforts réalisés par la région en faveur du rail, à commencer par les 14 millions de billets à 1 €, ou encore la tarification préférentielle pour les abonnements domicile-travail plafonnée à 2 € par jour. Une politique qui porte ses fruits, avec une hausse de fréquentation de 68 %, et 48 % de recettes supplémentaires. Et la région ne s’arrête pas là, reprenant directement la gestion de certaines lignes pour en assurer la pérennité, comme Luchon – Montréjeau ou Alès – Bessèges. Côté matériel roulant, 18 rames ont été commandées pour 262 M€.
Le constat dressé par Carole Delga est alarmiste, alors que les régions se retrouvent « face à un mur d’investissement ». Des besoins en hausse que, ni l’Etat ni les régions, ne peuvent assumer.
C’est dans ce contexte que l’Occitanie avance de nouvelles propositions, estimant venu le temps de réformer le financement du rail. Pour cela 3 pistes sont avancées à commencer par les péages autoroutiers, alors que les concessions arrivent à échéance. En affectant la moitié des recettes, 2 Md€ seraient dégagés chaque année, 20 Md€ sur 10 ans. L’autre source pourrait venir des poids lourds internationaux en transit, qui seraient taxés comme sur la région Grand Est à partir de 2027. D’autant, précise la présidente, qu’ils sont nombreux à circuler sur les départementales pour éviter les péages, évitant également de faire le plein de carburant en France, ce qui les exonère de toute taxe.
Une troisième ressource pourrait venir de la mise en place des quotas carbone décidés par l’Europe, sur les fournisseurs de carburant. 16 % seront reversés à la France, ce qui représente 2,3 Md€.
Carole Delga estime à 5,5 Md€ par an, les investissements possibles grâce à ces nouvelles sources de financement. En attendant, l’Occitanie va engager 16,5 M€ sur fonds propres d’ici à 2027 pour les opérations en cours.
Pour soutenir cette action, une pétition est lancée, « Petites Lignes, Grande Cause », appelant la population à sauver 984 km de lignes soit 70 % du réseau régional. Une opération qui pourrait s’étendre à d’autres régions comme la Bretagne ou la Bourgogne-Franche-Comté, en attendant d’autres ralliements.
Philippe-Enrico Attal