Et le champion français 2024 des transports publics est… Transdev ! Avec un record de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+8 %) et 43 millions d’euros de bénéfices, alors que Keolis et RATP Dev sont en perte, l’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices pour son PDG, Thierry Mallet, et pour son futur propriétaire, le groupe familial allemand Rethmann.
Actionnaire minoritaire à 34 %, celui-ci deviendra, si tout va bien, propriétaire de 66 % du groupe d’ici juin, par rachat d’actions de la Caisse des Dépôts, dont la part descendra ainsi à 34 %.
Le patron de l’opérateur était donc aux anges en présentant, le 13 mars, ses résultats 2024, une « année historique », « vraiment exceptionnelle en matière commerciale ». Transdev a pleinement bénéficié l’an passé de l’acquisition de First Transit aux États-Unis, désormais deuxième pays du groupe (27 % de l’activité avec 2,7 milliards d’euros), derrière la France (28 % avec 2,8 milliards d’euros). Il a également remporté des succès importants (tramways de Melbourne, transports d’Utrecht, etc.).
Un travail important sur le recrutement et la formation des conducteurs a porté ses fruits pour éviter les pénalités, notamment à Las Vegas. « Nous avons consacré jusqu’à 800 000 dollars par mois à la formation, car lorsque nous avons repris le contrat, il manquait 30 % des effectifs », explique le directeur financier Marcos Garcia, artisan de la croissance rentable de Transdev.
L’entreprise se paie aussi le luxe d’un désendettement continu, sa dette (1,22 milliard d’euros) ayant baissé de 34 % depuis 2019, quand celle de ses concurrents augmente. Depuis cette année, Transdev est noté Baa2 par Moody’s, une notation jugée satisfaisante. Les dirigeants du groupe de transport public et ferroviaire comptent faire mieux et viser 1,5 % à 2 % de marge, contre 0,4 % aujourd’hui.
Thierry Mallet voit donc l’avenir avec gourmandise sous l’égide d’un futur actionnaire – un groupe diversifié pesant 25 milliards d’euros – dont il vante le profil : « avisé, solide financièrement, inscrit dans le temps long », bref, l’inverse de certains fonds. « Quand les Rethmann investissent quelque part, ils n’en sortent jamais », note le PDG, qui se tient prêt à ce que son futur actionnaire majoritaire mène Transdev à des « acquisitions opportunistes ».
En attendant, l’opérateur joue son avenir ferroviaire en France avec le TER. Il démarrera, le 29 juin, l’exploitation des TER entre Marseille et Nice, premier marché ferroviaire à basculer à la concurrence en France. Si le groupe fait ses preuves, il pourra se poser en alternative à la SNCF auprès des régions. « Nous prévoyons de répondre à trois ou quatre appels d’offres par an », explique Thierry Mallet, avec l’idée d’en gagner un par an.
Reste une question : les élus des villes, départements et régions françaises voudront-ils confier de l’argent public à un Transdev devenu allemand ? Le maintien de la Caisse des Dépôts au capital doit garantir l’ancrage français. « La société va rester française et Rethmann est totalement aligné là-dessus », ajoute Thierry Mallet, qui va « organiser des rencontres entre les élus et les Rethmann ».
Marc Fressoz