« Le défi Olympique relevé avec succès »
Mobily-Cités : Les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 viennent de s’achever. Pouvez-vous revenir sur ce qui vous a poussé à répondre à cet appel d’offres d’envergure et à participer à cette formidable aventure ?
Alexandre Delvallez : Nous avons décidé de candidater à l’appel d’offres des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 dès janvier 2023. Le lot auquel nous avons répondu était spécifique aux villes hôtes. Dès le début, nous étions convaincus que le Groupe Associatif Réunir avait les compétences, les ressources et l’expérience nécessaires pour gérer les transports de cet événement d’envergure mondiale. Ne pas participer à un événement de cette importance était tout simplement impensable pour nous, tant en termes de notoriété que de défis logistiques.
Le lot auquel nous avons répondu dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 nécessitait des moyens importants, principalement en tourisme et grand tourisme, pour transporter un public bien précis. Il s’agissait notamment des athlètes, des arbitres, des officiels, des médias et des sponsors, tous ayant des exigences particulières en termes de confort et de ponctualité. Ces groupes, au cœur de l’événement, avaient besoin de solutions de transport fiables et de haut niveau, capables de répondre aux standards stricts fixés par le comité d’organisation des Jeux. Réunir et sa filiale Saybus avaient cette capacité.
De plus, il était essentiel pour nous de fédérer nos adhérents autour d’un projet aussi exceptionnel. Cela a permis de renforcer les liens au sein du Groupe Associatif Réunir, en mobilisant nos entreprises adhérentes autour d’un objectif commun : celui de réussir la gestion des transports d’un événement aussi prestigieux que les Jeux Olympiques et Paralympiques. Cet appel d’offres a été une opportunité non seulement pour démontrer notre expertise à l’échelle mondiale, mais aussi pour permettre à nos adhérents de participer à une expérience unique, en contribuant au succès de ce projet international.
Mobily-Cités : À quel moment avez-vous été notifiés de la victoire et comment s’est déroulée la préparation ?
Alexandre Delvallez : Nous avons été officiellement notifiés de notre sélection en juin 2023, ce qui nous a donné une année pour préparer l’organisation logistique des transports, en étroite collaboration avec les équipes de Saybus. Cette période de préparation a été cruciale pour garantir que chaque aspect du transport, que ce soit au niveau des véhicules ou des équipes, soit en parfaite adéquation avec les exigences spécifiques des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) 2024.
Mobily-Cités : Combien d’adhérents avez-vous mobilisés et leur flotte était-elle adaptée aux besoins spécifiques des JOP ?
Alexandre Delvallez : Pour les Jeux Olympiques, nous avons mobilisé un total de 34 adhérents au sein du Groupe Associatif Réunir, et 12 d’entre eux ont également participé aux Jeux Paralympiques. La logistique des Jeux Paralympiques a représenté un défi particulier, notamment en raison des besoins spécifiques liés au transport des Usagers en Fauteuil Roulant (UFR). Assurer la mobilité de ces personnes dans les meilleures conditions a nécessité des véhicules adaptés, tant sur le plan de l’accessibilité que du confort. Nous avons dû mobiliser une partie de notre flotte équipée pour ce type de transport, mais nous n’aurions pas pu réussir sans l’aide précieuse de nos partenaires constructeurs. Ces derniers ont joué un rôle essentiel en adaptant rapidement les véhicules pour répondre aux normes strictes imposées par l’organisation des Jeux. Leur capacité à fournir un service après-vente efficace a également été cruciale. Cela a permis d’éviter tout problème technique majeur et d’assurer que tous les véhicules restent opérationnels, garantissant ainsi que les athlètes et autres usagers en situation de handicap d’arriver à l’heure aux compétitions ou à leurs déplacements.
Mobily-Cités : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres clés sur le nombre de services réalisés et le nombre de personnes transportées durant les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ?
Alexandre Delvallez : Pour les Jeux Olympiques, nous avons assuré un total de 2 033 services de transport sur une période de 15 jours, transportant pas moins de 40 660 personnes. Ce travail colossal a nécessité la mobilisation de plus de 800 personnes accréditées, notamment des conducteurs, des régulateurs, des agents de terrain, et les équipes projets de Saybus pour assurer une coordination efficace. Je souligne également que Paris 2024 avait mis en place un centre névralgique des opérations, le « Bus Operations Center » (BOC) situé à Aulnay-sous-Bois, qui a joué un rôle clé dans la gestion des flux et des interventions en temps réel.
Concernant les Jeux Paralympiques, bien que notre implication ait été concentrée sur Châteauroux, où se déroulaient les épreuves de tir, nous avons assuré 371 services et transporté environ 7 400 personnes. Ce chiffre peut sembler plus modeste par rapport aux Jeux Olympiques, mais il n’en reste pas moins significatif compte tenu des besoins spécifiques de ce public. Nous avons mobilisé des véhicules adaptés et former les conducteurs pour répondre aux exigences du transport des personnes à mobilité réduite.
Notre succès dans la gestion de ces deux événements repose principalement sur la flexibilité et l’adaptabilité de nos équipes et celles de nos adhérents. Chaque jour apportait son lot de demandes particulières et de changements imprévus, auxquels nous avons su répondre grâce à la réactivité de nos équipes projets et de nos conducteurs sur le terrain.
Mobily-Cités : Qu’en est-il du stationnement et de la gestion des véhicules dans les villes hôtes ?
Alexandre Delvallez : En tant que transporteur opérant dans plusieurs grandes villes comme Nantes, Lille, Bordeaux, Lyon, Saint-Étienne, Nice et Marseille, nous avions eu l’avantage de disposer de nos propres dépôts dans chacune de ces localités. Cette infrastructure nous a permis de gérer le stationnement de nos véhicules, un aspect souvent complexe lors d’événements de cette ampleur. Le fait d’avoir accès à nos propres espaces de stationnement a considérablement réduit les problèmes logistiques liés à la gestion des véhicules.
Ce réseau de dépôts a été un atout majeur pour le Groupe Associatif Réunir, nous permettant d’être entièrement autonomes sur ce plan. En général, pour ce type d’événement, le stationnement des véhicules est souvent une contrainte majeure, surtout dans des villes où l’espace est limité et où la demande est extrêmement forte. Cette autonomie a été l’une des forces distinctives de notre groupement et a démontré notre capacité à répondre aux exigences organisationnelles des grandes villes hôtes, tout en minimisant les contraintes habituellement associées à ces événements.
Mobily-Cités : Avez-vous réussi à répondre aux normes de transition énergétique imposées par Paris 2024 ?
Alexandre Delvallez : Absolument. Bien que, dans le domaine du tourisme, nous n’ayons pas encore l’ensemble des équipements nécessaires pour une transition complète vers des véhicules 100 % propres, nous avons mis en place plusieurs initiatives pour réduire notre empreinte carbone pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques. L’une des principales solutions a été l’utilisation de biocarburants, notamment le HVO (Hydrotreated Vegetable Oil). Environ 20 % de notre flotte fonctionnait avec ce carburant « propre ».
Nous avions près de 250 véhicules en service simultané lors des périodes de pointe, dont 20 % respectaient strictement les contraintes de transition énergétique. Cela comprenait des véhicules fonctionnant à l’électriques ainsi que des véhicules roulant au BioGNV (Gaz Naturel pour Véhicules). Pour le reste de la flotte tous roulaient avec des moteurs Euro 6.
Nous avons également mis en avant l’éco-conduite, une pratique qui joue un rôle crucial dans la réduction des émissions de CO2. Nous avions des conducteurs expérimentés qui ont suivi des formations spécifiques pour adopter une conduite plus écologique et responsable. Grâce à toutes ces initiatives, nous avons non seulement réussi à diminuer l’impact environnemental de notre flotte, mais aussi à améliorer l’efficacité énergétique de nos opérations.
Mobily-Cités : Pouvez-vous nous parler des retombées économiques pour les membres de Réunir et faire un bilan de cette opération ?
Alexandre Delvallez : Le projet Paris 2024 est tombé à point nommé pour dynamiser l’activité des adhérents impliqués dans le projet. L’impact économique des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 a été conséquent, notamment en offrant une relance de l’activité durant la période estivale, habituellement marquée par un ralentissement pour les autocaristes et une baisse des activités pour les entreprises de transport touristique.
Grâce à cet appel d’air économique, les entreprises partenaires ont pu profiter d’une augmentation significative de leur chiffre d’affaires. Mais surtout, en plus de répondre aux besoins de transport, elles ont renforcé leur expertise et leur image à l’échelle internationale. Cette fabuleuse vitrine leur a offert l’occasion de renforcer leur compétitivité face à d’autres acteurs du secteur, en démontrant, que le Groupe Associatif Réunir était capable de répondre aux défis imposés et d’être prêts pour les prochains événements majeurs en France ainsi que les Jeux Olympiques d’hiver de 2030.
Propos recueillis par Pierre Lancien
