Avec la soudure du dernier rail, la ligne 16 du Grand Paris Express quitte le registre des plans, des maquettes et des promesses pour entrer dans celui des choses visibles.
La ligne 16, c’est 29 kilomètres, dix gares, une colonne vertébrale entièrement automatique traversant seize communes de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne. Derrière ces chiffres, un territoire : 800 000 habitants, dont une bonne partie attend depuis longtemps des liaisons fiables, rapides, régulières. Le Grand Paris Express, ici, n’est pas un supplément de réseau ; c’est un rééquilibrage.
L’ouverture se fera en deux temps. Mi-2027 d’abord, avec la mise en service du tronçon Saint-Denis Pleyel – Clichy-Montfermeil, prolongé jusqu’au Bourget Aéroport. Fin 2028 ensuite, lorsque la ligne atteindra Noisy-Champs. Le phasage raconte une réalité simple : on avance comme on peut, mais on avance. Et l’essentiel, pour ces communes qui vivent à l’ombre des grands faisceaux franciliens, sera de sortir enfin de la dépendance au RER saturé et au bus pris dans la circulation.
Car c’est bien ce que change la ligne 16 : depuis Chelles, une nouvelle géographie quotidienne s’ouvre. Le maillage avec le RER E, la ligne P, puis les connexions vers La Courneuve, Le Bourget ou Saint-Denis Pleyel créent ce que les ingénieurs appellent des « corridors » et que les habitants traduiront autrement : des temps de trajet qui diminuent, des horizons qui s’élargissent, des opportunités qui cessent de dépendre d’un embouteillage sur la RN3.
Les futures rames — entièrement automatiques, climatisées, sobres en énergie, dotées d’informations voyageurs en temps réel et même de prises USB — racontent l’époque : on ne reconstruit plus un métro, on reconstruit une expérience. Une manière d’être dans la ville, de circuler.
Noémie Rochet



