Avec la chute du gouvernement Bayrou le 8 septembre, que vont devenir les grandes ambitions de l’Etat en matière d’infrastructures ? A l’issue de la conférence Ambition France transports qui s’est tenue durant trois mois avant l’été, l’exécutif s’était promis d’inventer des financements nouveaux pour enrayer la dégradation des réseaux ferrés et routiers dont l’entretien revient à colmater le tonneau des Danaïdes.
Le 9 juillet, le ministre des Transports Philippe Tabarot avait dégagé ces lignes directrices : plus d’argent pour le rail quitte à recourir aux financeurs privés, des concessions autoroutières (mais pas avant 2032 !) plus équilibrées rapportant davantage de recettes à l’Etat qu’il pourra flécher vers les autres infrastructures. Dégager « à terme 2,5 milliards d’euros supplémentaires par an, soit 25 milliards en dix ans » constitue assurément la promesse la plus sensationnelle.
Ces grands principes et quelques autres (relatifs notamment au modèle de financement des transports publics) doivent faire l’objet d’une loi-cadre dont Philippe Tabarot avait annoncé la présentation avant la fin 2025. Il y a fort à parier que l’examen de ce texte – a priori consensuel – va se trouver décalé dans le temps par la formation d’un nouveau gouvernement mené par Sébastien Lecornu.
Plus sensible car pouvant impacter les circonscriptions de certains parlementaire, un deuxième étage législatif doit, l’année prochaine, inscrire dans une loi de programmation une liste raccourcie d’autoroutes et des lignes nouvelles à construire. Le Conseil d’orientation des infrastructures présidé par David Valence est chargé d’établir le tri sélectif préalable.
Pour l’ex-ministre des Transports Dominique Bussereau, qui a présidé la conférence Ambitions France transports, il restera au moins un état d’esprit de cette démarche. « Nos propositions vont infuser et structurer les politiques publiques des transports dans les années qui viennent, à l’instar du Grenelle de l’environnement » estime-t-il.
Si les acteurs du secteur se mettent à réfléchir en mode économies, ce sera déjà quelque chose.
Marc Fressoz