Ile de France : comment l’ouverture à la concurrence rééquilibre les pouvoirs au bénéfice de la patronne d’IDFM, Valérie Pécresse.
Quand on essaie de trouver des vertus à l’ouverture à la concurrence, on pense souvent à l’effet sur les prix ou à l’innovation mais rarement aux gains politiques. Pourtant, à y regarder de plus près, le big bang en cours en Ile-de-France semble offrir à la présidente d’Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse une occasion en or de renforcer son pouvoir au détriment des mastodontes étatiques.
Le 10 avril 2025 a marqué un tournant historique dans l’histoire de la vie des transports publics en France. Ce jour-là, le conseil d’administration d’IDFM a décidé de confier 37 lignes de bus à de nouveaux opérateurs. Une décision qui a fait vaciller la maison RATP et son PDG Jean Castex. Le communiqué de presse publié dans la foulée empruntait un ton gaullien sur le thème : « On a perdu une bataille mais pas la guerre ». Pour convoquer une telle métaphore, il fallait que la président de la RATP en soit profondément déstabilisé !
Diviser (les lots) pour mieux régner
Et si la décision du 10 avril – et l’allotissement qui l’accompagne – traduisait une stratégie murement réfléchie ? Donner un coup pied dans la fourmilière monopolistique, créer un effet de sidération, affaiblir les acteurs aux monopoles. L’arrivée de l’Italien ATM et de Transdev aux portes de Paris dans le fief de la RATP a pris tout le monde de court. Perdre 2600 agents et plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, ce n’est pas anodin.
La ligne L du transilien conservé par la SNCF, premier trophée pour Jean Castex !
Le gain par la SNCF de la ligne L du Transilien le 23 mai n’a en revanche, pas donné lieu à des réactions du même ordre du côté du Quai de la Rapée. Pas râpé pour tout le monde ! Probable futur président de la SNCF, Jean Castex n’insulte pas l’avenir…
L’incertitude l’atout maitre de négociation pour Valérie Pécresse
La partie décisive se joue désormais sur les six lots restant à distribuer d’ici octobre. Les quatre prochains marchés le seront à l’occasion du conseil d’administration d’IDFM le 10 juillet. Or la coïncidence de cette séquence avec les négociations finales du prochain contrat-cadre pluriannuel entre IDFM et la RATP place la présidente de l’autorité organisatrice en position de force.
La RATP accuse du retard sur les autres opérateurs Transdev, ATM et Keolis, ceux-ci ayant raflé les quatre premiers lots contre trois à la RATP. Si l’entreprise publique obtient cette fois-ci une majorité de lots (jusqu’à trois sur quatre ?), satisfaite, elle pourrait alors se montrer plus conciliante avec IDFM sur les derniers points bloquants du contrat, comme la question des pénalités par exemple…
Une source proche du dossier nous confiait récemment « il existe une règle d’or lorsqu’on ouvre à la concurrence : ne pas descendre au-dessous des deux tiers de part de marché pour le monopole sortant. »
Il reste donc six lots à attribuer d’ici octobre. Faites le compte !
François Remoué