Alors que l’Assemblée nationale s’interroge sur le rôle du transport ferroviaire dans le désenclavement des territoires, l’Association Française du Rail (AFRA) rappelle une évidence : la concurrence dynamise le rail et ouvre de nouvelles perspectives.
Partout en Europe, l’arrivée d’opérateurs alternatifs a élargi l’offre ferroviaire et rendu les prix plus compétitifs. En Italie, la gare de Reggio Emilia AV Mediopadana, en plein cœur de la campagne, bénéficie de 90 TGV par jour. En France, Trenitalia relie désormais Lyon à l’Italie en passant par des gares peu desservies, tandis que Kevin Speed ambitionne de cadencer une liaison via Le Creusot et Mâcon-Loché.
Face à ces évolutions, le modèle historique de la SNCF est remis en question. La suppression de nombreuses dessertes et la réduction du parc TGV interrogent sur la capacité du monopole à répondre aux besoins des territoires. La péréquation, qui consiste à financer les lignes déficitaires avec les bénéfices des liaisons rentables, apparaît comme un système opaque et obsolète. À l’inverse, une véritable politique d’aménagement du territoire, orchestrée par l’État et les Régions, permettrait une desserte équitable et transparente, ouverte à tous les opérateurs.
La concurrence contribue déjà au financement du réseau. L’arrivée de Trenitalia a augmenté de 10 % les recettes de SNCF Réseau sur la ligne Paris-Lyon. Pourtant, la France reste en retard sur ses voisins en matière d’investissement ferroviaire : 51 euros par habitant contre 115 euros en Allemagne.
Pour l’AFRA, il est temps de sortir de la logique de réduction de l’offre et d’adopter une vision ambitieuse pour le rail. L’ouverture du marché offre une opportunité unique de bâtir un réseau performant et accessible, au service de tous les Français. Le ferroviaire a un avenir, encore faut-il y croire vraiment.
Noémie Rochet