Marie-Ange Debon, la présidente de Keolis, aborde 2025 avec confiance. D’abord, malgré la grave crise des finances publiques en France, où l’opérateur réalise 52 % de son activité, elle ne redoute pas de voir les élus resserrer le robinet alimentant le fonctionnement des réseaux de transport public.
« Nous n’avons pas de demande majeure de réduction de l’offre. Les collectivités revoient leurs dépenses dans d’autres domaines, car le transport reste pour elles une priorité. Nous faisons des efforts de notre côté », note-t-elle. « En revanche, il existe des interrogations sur le financement des extensions de réseau. » Certaines collectivités commencent tout de même à élaguer, notamment en matière de transition énergétique expérimentale. « Elles commencent à ralentir leurs investissements sur les véhicules à hydrogène », observe-t-elle. Il faut dire que beaucoup déchantent quant à la maturité de cette technologie hors de prix.
Ensuite, en se concentrant sur « son redressement post-Covid », Keolis a consolidé ses fondamentaux l’an passé. « Nous avons connu une très belle année commerciale et une belle année financière », assure la patronne du groupe le 12 mars. À 7,66 milliards d’euros, le chiffre d’affaires a bondi de près de 700 millions, effet d’une reprise de la fréquentation un peu partout dans le monde (en France, le niveau de 2019 a été dépassé), mais surtout de conquêtes en France et à l’étranger. Deux importants contrats de bus américains (Phoenix et Austin) ont par exemple commencé à produire leurs effets, compensant la perte du joyau de Melbourne, le plus grand réseau mondial de trams, ravi par Transdev. Le groupe a dégagé un cash-flow libre positif pour la quatrième année et augmenté son capex.
Il n’empêche, la présentation des comptes annuels crée une certaine confusion. Si le groupe affiche un bénéfice de 13 millions pour 2024 (vs 10 millions en 2023 et 3 en 2022), il s’agit du résultat courant et non du résultat net, qui, lui, accuse un déficit de 42 millions d’euros. La cause ? Une dépréciation de 55 millions d’euros liée à la reprise par l’État britannique des franchises. « Mais cela n’a aucun impact sur le cash-flow ni sur la dette », assure Christelle Villadary, la directrice financière de l’opérateur, filiale commune de la SNCF (70 %) et de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Marc Fressoz