C’est une petite révolution qui se dessine dans le projet de loi de finances 2025 : la création d’un versement mobilité (VM) à l’échelle régionale. Jusque-là réservé aux autorités organisatrices de la mobilité (AOM) locales, ce prélèvement sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 salariés s’apprête à franchir un cap. Désormais, les régions pourront elles aussi en bénéficier, à hauteur de 0,15 %, afin d’insuffler une nouvelle dynamique aux mobilités sur leur territoire.
Loin d’être anodin, ce changement consacre le rôle des régions en tant que cheffes d’orchestre des déplacements du quotidien. Il s’inscrit dans une ambition plus large : rééquilibrer les financements, donner aux zones rurales et périurbaines des moyens supplémentaires pour désenclaver leurs territoires et, dans le même temps, accélérer la transition vers des transports plus durables. Car si l’urgence climatique est aujourd’hui un leitmotiv, elle se heurte encore trop souvent à des financements morcelés et inégaux.
Mais cette avancée ne fait pas l’unanimité. Certaines intercommunalités et métropoles, qui perçoivent déjà le versement mobilité, voient dans cette mesure une possible menace pour leurs ressources. En permettant aux régions de prélever cette contribution, le risque serait d’instaurer une concurrence fiscale entre collectivités, créant des déséquilibres au sein même des territoires. Un dilemme de plus dans l’épineuse équation du financement des transports publics.
Si la promesse est belle – donner un second souffle aux mobilités régionales, notamment dans les territoires oubliés des grands plans de transport –, son application sera scrutée avec attention. Trouvera-t-on le juste équilibre entre soutien aux initiatives locales et renforcement du rôle des régions ? Ce qui est certain, c’est que la mobilité, en tant que clé de l’attractivité et du développement territorial, n’a jamais été aussi centrale dans le débat public.
Pierre Lancien