Une Matinale Mobily-Cités consacrée au renouveau de l’autocar

24 05 2024 | Actualités

Développement des lignes de cars express en Ile-de-France et dans le cadre des projets de Services express régionaux métropolitains (SERM), rebond des «cars Macron», transport des équipes et des VIP durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris… l’année 2024 sera celle du renouveau de l’autocar. Mode efficace et flexible, engagé dans la transition énergétique et complémentaire des réseaux lourds, l’autocar se réinvente pour répondre à la fois aux attentes des voyageurs et aux problématiques des autorités organisatrices. Parallèlement à cette nouvelle dynamique, transporteurs, autorités organisatrices, industriels et acteurs du transport routier de voyageurs (TRV) doivent se préparer pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux restrictions de circulation dans les grandes agglomérations. A cet égard, le cas des gares routières, et particulièrement de celle de Bercy Seine, à Paris, qui doit être fermée prématurément suite à une décision de la Ville de Paris, est symbolique. Pour Aurélien Gandois, vice-président de Blablacar, les conséquences pourraient être lourdes : comment, dans ces conditions, l’autocar peut-il jouer son rôle et répondre à une demande mobilité croissante et accessible financièrement ?

Les intervenants réunis le 22 mai pour la Matinale de Mobily-Cités ont examiné les conditions de développement d’une offre routière décarbonée et attractive. Ingrid Mareschal, déléguée générale de la FNTV, a souligné le manque de lisibilité des règlementations, et le manque de réalisme de certains objectifs européens, alors que les gammes de véhicules existantes ne permettent pas forcément de répondre aux besoins des professionnels, à des coûts opérationnels satisfaisants. Jean-Marc Boucheret, responsable Mobilité durable chez Iveco Bus, a souligné pour sa part les contraintes qui pèsent sur les constructeurs, et la nécessité de maintenir un mix énergétique le plus large possible. Sur la longue distance par exemple, il faut garder de la souplesse, et donner leur place aux biocarburants comme le B100, qui a prouvé sa pertinence. Aujourd’hui, les véhicules lourds B100 exclusifs ou compatibles représentent plus de 10% des ventes, selon Claire Duhamel, directrice générale d’Oleo100. Mais pour certains transporteurs, comme Jean-Claude Bobet, directeur des Autocars Vincent Bobet, c’est la solution électrique qu’il faut privilégier. Installé sur la presqu’île de Rhuys, l’autocariste breton a acheté ses premiers cars électriques en 2018, et se félicite des résultats obtenus : au-delà de 70.000 km par an, l’électrique devient rentable, la faiblesse des coûts opérationnels compense le surcoût à l’achat.

Un grand témoin: Jean-Pierre Serrus, VP de la Région Sud

Fort d’une expérience déjà importante en matière de décarbonation des lignes interurbaines, avec 8 lignes électrifiées, et la conversion de l’ensemble des dessertes des Alpes-Maritimes vers des solutions à faibles émissions, Jean-Pierre Serrus, vice-président de la Région Sud, a livré son analyse. La transition énergétique passe d’abord par un soutien au report modal, et par la mise en place d’une offre de transports publics attractive et fiable. Des solutions alternatives à la voiture individuelles qui doivent aussi et plus que jamais se montrer à la hauteur des enjeux pendant les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, dont une partie des épreuves se dérouleront aussi à Marseille et à Nice, ainsi qu’en 2030 pour les Jeux d’hiver en Région Sud.

 

Matinale Mobily-Cités du 22 mai, table-ronde 2

Car la réussite des JOP dépend aussi de la bonne organisation des transports. Une mission sur laquelle Jean-Philippe Leseigneur, manager Bus&Cars du COJOP, concentre toute son attention. Plus de 1.000 bus seront ainsi dédiés au transport des athlètes, des staffs et des accrédités. Minutieusement préparés, les plans de transport sont encore susceptibles d’évoluer, et ce jusqu’à la dernière minute. Une situation qui ne rassure pas les professionnels, qu’ils soient adhérents de l’OTRE ou de la FNTV… d’autant plus que l’obtention des autorisations de circulation ne semble pas tout à fait fluide. Si les Jeux riment avec opportunités de business pour les uns, ils représentent plutôt un éteignoir pour les autres. Yannick Henry, secrétaire général adjoint de l’OTRE, ne cache pas les difficultés d’une partie de ses adhérents. Tout comme Ingrid Mareschal, qui attend toujours des réponses de la part du COJOP. Optimiser la gestion des flux, c’est justement la mission d’Aimsun, qui développe des outils de modélisation et de suivi en temps réel. Une aide à la décision indispensable pour les collectivités qui veulent bien préparer le déploiement des ZFE, explique Benoît Vedel, managing director de la société.

Matinale de Mobily-Cités: keynote autonomisation

Les JOP seront également l’occasion d’expérimenter un certain nombre d’innovations en matière de transports, dont des services de navettes autonomes, par exemple à Chateauroux, sur le site du centre national de tir sportif. A quelles conditions ce type de service pourrait continuer à se déployer ? C’est la question que se sont posée Nicolas Marescaux, directeur Prospective à la MACIF et Eric Lebeau, directeur général de Védécom. Selon la 4e édition du Baromètre Macif-Védécom, 3 Français sur 4 considèrent qu’une navette automatisée serait bénéfique dans divers contextes, que ce soit la création de nouvelles dessertes, de dessertes au sein de grands sites ou de dessertes renforcées, la nuit par exemple. Par ailleurs, 74 % des Français jugent pertinent d’utiliser d’anciennes lignes ferroviaires pour y installer des services de navettes automatisées. La démonstration de leur fiabilité et les modalités de leur financement sont des conditions majeures à leur réplicabilité, y compris pour la mobilité en zones rurales ou périurbaines. La multiplication des pilotes de service comme RIMA, le premier réseau inclusif de mobilité automatisée, en cours de déploiement, dans la Drôme, mené en partenariat par beti, Gama, Vinci Construction et la Macif doit y contribuer.

S. G.

 

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