Marc-Fleuret
Marc Fleuret
Vice-président de Châteauroux Métropole en charge des Mobilités

« Avec la gratuité, le bus est devenu un bien commun »

 

Gratuit depuis plus de 20 ans, le réseau Horizon continue d’évoluer pour répondre aux besoins des habitants. La métropole soutient aussi le vélo et la mobilité autonome, en partenariat avec Keolis. Le vice-président en charge des Mobilités, qui est aussi président du département de l’Indre, détaille sa politique.

Propos recueillis par Sandrine Garnier

 

Mobily-Cités : Le réseau de bus Horizon est gratuit depuis 2001. Quel bilan en tirez-vous ?

Marc Fleuret : Nous sommes fiers d’avoir été parmi les pionniers de la gratuité. Cette mesure a contribué à l’attractivité du réseau Horizon, dont la fréquentation a été multipliée par 3,5 pour atteindre 5,4 millions de voyages en 2019. Nous remontons régulièrement depuis la pandémie, à un niveau de 4,7 millions de validations en 2022. N’avez-vous pas enregistré davantage de dégradations dans les bus ? Au contraire, l’ambiance dans les bus est absolument sereine grâce à la gratuité, puisque personne ne craint d’être en infraction, et nous évitons ainsi les frictions et les incivilités qui se produisent le plus souvent lors des contrôles. Le transport public est véritablement devenu un bien commun que beaucoup de gens ont pris l’habitude d’emprunter, encore plus dans la conjoncture actuelle.

Comment l’exploitation est-elle financée ?

Le versement mobilité est passé de 0,6 à 0,8 en 2021, après une concertation menée auprès des représentants des entreprises. Cela représente une ressource de 5,8 M€ en 2022 pour un coût annuel de la DSP de 6,6 M€. Le différentiel est couvert par une subvention d’équilibre.

Quels sont vos ambitions pour le réseau ?

La nouvelle DSP en cours sur la période 2022-27 est marquée par une évolution de l’offre, dont l’ambition est d’élargir les dessertes à l’ensemble du territoire de l’agglomération. Cela se traduit très concrètement par la création d’arrêts sur des communes comme Etrechet, ou l’amélioration des services. Cette nouvelle offre est réalisée sans augmentation de coûts pour la collectivité, grâce à des choix d’optimisation menés sur le réseau. Ainsi, les lignes Flexo, régulières dans la journée, deviennent des transports à la demande en soirée sur quatre secteurs où les passagers les utilisent majoritairement pour des trajets travail-domicile.

Et du point de vue de la transition énergétique ?

La flotte se compose de 41 bus, en majorité hybrides dieselélectrique. Nous avons également un projet de ligne à hydrogène avec 6 bus, pour laquelle la réflexion est encore en cours. Nous souhaitons en effet mettre en place un système vertueux, avec une station d’avitaillement en hydrogène vert.

 

Quelle est votre action pour le vélo ?

Un plan vélo a été engagé pour construire 162 km de voies cyclables. Les boulevards ont été modifiés pour aménager des itinéraires cyclables, en laissant une voie à la circulation automobile. Nous proposons également une aide à l’acquisition de VAE, pour laquelle nous avons traité plus de 1000 dossiers en deux ans. Nous organisons aussi des évènements pour inciter à la pratique du vélo, notamment en direction des femmes.

BIOGNV ET B100 POUR DÉCARBONER

Une vraie ligne de bus automatisée annoncée pour 2026 Lauréat de l’appel à projets « Mobilités routières automatisées, infrastructures de services connectées et bas carbone » de France 2030, le projet Mach2 associe Alstom, EasyMile, Keolis, Renault, Equans et Statinf. Il vise à mettre en service, en 2026, une ligne opérée avec un minibus automatisé de 6 m, intégrée au réseau de bus Horizon. Le parcours de cinq kilomètres reliera la gare SNCF et le centre aquatique, à une vitesse moyenne de 15 km/h, avec des pointes à 40 km/h. C’est Alstom qui aura la charge de mettre en place l’infrastructure connectée avec notamment un système d’interaction avec les feux tricolores. « Après les JO, cette expérimentation va nous permettre de gagner encore de la notoriété, se félicite Marc Fleuret, vice-président en charge des Mobilités de Châteaurous Métropole, et président du département de l’Indre. Nous gardons un temps d’avance. Cela démontre que les villes moyennes ne sont pas à la traîne. »

Le projet Mach2 bénéficie aussi soutien du ministère de l’Intérieur et de la PFA (Plateforme Automobile), en plus du celui du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires ainsi que de Bpifrance.

« Avec sa capacité de 22 passagers, ce projet est une véritable ligne de transport urbain autonome de niveau 4 », s’enthousiasme Annelise Avril, directrice générale France Grands Réseaux urbains chez Keolis. Les minibus, actuellement en cours de conception chez Renault, devront d’abord être testés sur le site du CNTS. Il faudra parallèlement obtenir les autorisations nécessaires pour mettre en place cette expérimentation. « Nous devons construire un dispositif de sécurité avec un vrai bus, dans lequel les passagers pourront voyager debout », souligne Eric Callé, directeur de l’Innovation et de l’industrialisation chez Keolis. L’opérateur complètera ainsi ses retours d’expérience en matière de mobilité autonome. Parallèlement, la réflexion se poursuit sur l’automatisation de lignes en sites propres, moins complexes du point de vue de la sécurité.

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