« La RSE, une approche globale pour mobiliser l’ensemble de salariés »
Avec sa politique RSE, Keolis se mobilise pour adresser les défis climatiques, environnementaux et sociétaux. En s’appropriant les fondamentaux du développement durable, le groupe réaffirme son rôle en tant qu’opérateur de mobilité dans la décarbonation des mobilités et dans le développement de territoires, en partenariat avec les collectivités locales et les territoires. A Bordeaux, Keolis est devenu, depuis le début de l’année, la première entreprise à mission du secteur.
Propos recueillis par Sandrine Garnier
Mobily-Cités : Comment pouvez-vous définir l’approche RSE de Keolis ?
Antonia Höög : L’approche RSE de Keolis s’est construite autour de nos quatre grandes familles de parties prenantes : nos collaborateurs, la planète, les passagers et nos partenaires. Cette déclinaison reprend en partie les cinq piliers du développement durable définis par l’Organisation des Nations unies (people, planet, prosperty, peace, partnership). Le business model de Keolis est par nature plutôt favorable, puisqu’il repose sur des emplois non délocalisables, au service de l’attractivité des territoires et de la qualité de vie des citoyens, en leur garantissant par exemple l’accès à la santé et à l’éducation, et qu’il est bénéfique pour la planète en réduisant la pollution locale, les nuisances sonores, et l’occupation de l’espace public. Nos objectifs RSE nous permettent d’aller plus loin proactivement et de ne pas nous satisfaire de ce premier constat.
Quel rôle y joue la transition énergétique ?
La transition énergétique est un axe clé de la décarbonation des mobilités. Les aspects technologiques liés à la motorisation de la flotte de véhicules sont déterminants : un centre d’excellence groupe est d’ailleurs dédié à ce savoir-faire. Mais au-delà, nous nous attachons aux volets comportementaux et aux actions collectives avec la participation de l’ensemble de nos collaborateurs. A titre d’exemple, nous travaillons sur les achats, la fin de vie des véhicules, le tri dans les ateliers, l’implication les salariés des fonctions support et du siège sur des thématiques liées à la sobriété énergétique. Toutes les filiales ont adopté leur propre plan de sobriété énergétique, comme autant de briques d’une approche holistique.
A l’heure où l’on parle beaucoup de green-washing, comment un opérateur de transport public peut-il faire entendre sa spécificité ?
Il est surprenant de constater que l’aérien ou l’automobile communiquent davantage sur la réduction des émissions de GES que les transports publics. Il faut réaffirmer le rôle des opérateurs de transport dans la limitation du changement climatique, l’accès des populations aux services essentiels, la qualité des environnements de travail, services sécures et inclusifs… Aujourd’hui, les indicateurs liés au business comme le chiffre d’affaires ou la rentabilité sont connus de tous. J’aimerais qu’à l’avenir, les indicateurs liés au développement durable soient mieux connus des dirigeants : les actions en faveur du climat, de l’environnement, du développement local.
On comprend bien l’implication des métiers liés à la gestion des flottes, mais comment mobiliser l’ensemble des salariés sur ces thématiques ?
Il faut démontrer que le sujet concerne tous les métiers et tout l’écosystème ! Elle nécessite l’action de l’ensemble des leviers de la stratégie nationale bas carbone : optimisation de la demande de transport, évolutions des choix de mobilité au quotidien, soutien au report modal et amélioration de la fréquentation des transports publics. Ces différents axes regroupent l’ensemble des activités du groupe, du marketing aux graphicage, en passant par la qualité de service et l’entretien des véhicules. Le discours purement technologique sur la transition s’élargit pour englober tout le monde. On peut même dépasser les limites de l’activité d’un opérateur de transport, puisque la recherche globale d’efficacité énergétique pourra passer par exemple par les sources d’énergie, et le recours à des productions locales de biomasse, mutualisées avec d’autres services publics. L’opérateur de transport s’inscrit dans un écosystème, et agit en partenariat avec les collectivités locales et les habitants.
Ce travail peut-il contribuer à renforcer l’attractivité des métiers en tension ?
La RSE comporte également une dimension de diversité et d’inclusion. Nous avons un travail à faire sur la mixité, en tant qu’entreprise mais aussi à travers des démarches communes à l’ensemble du secteur, comme la campagne « Bouger les lignes », portée par l’UTP pour promouvoir les métiers et la féminisation. Aujourd’hui, les femmes représentent 19 % des conducteurs chez Keolis. Il est évident que nous pouvons faire mieux, tout en rendant ces métiers plus attractifs pour lutter contre la pénurie. Nous travaillons sur les horaires, avec des assouplissements sur les partages de planning et une meilleure répartition des services. Nous sommes aussi en relation avec différentes associations afin de diversifier nos actions de recrutement, comme à Lille et Lyon avec l’insertion par le sport. Au niveau national, Keolis est partenaire de mécénat avec la Fondation des femmes. Et nous avons choisi la certification du label Gender Equality European & International Standard (GEEIS).
Mais les contraintes inhérentes au service public de transport de voyageurs sont incontournables, avec le travail en soirée et les jours fériés. C’est aussi le côté noble des missions d’intérêt général.
Et quelles sont vos actions concernant le handicap ?
Nous sommes particulièrement attentifs à notre capacité de servir tous les habitants d’un territoire. Pour cela, nnous avons formalisé dans une politique et une démarche appelée UniK, portée par l’ensemble de nos filiales. Nous travaillons ainsi aussi sur l’accessibilité pour tout type de handicap ou de fragilité. Dans cet objectif, nous menons avec la direction de l’Innovation de nombreuses expérimentations technologiques et basées sur les sciences comportementales. En parallèle, dans une logique de symétrie des attentions, nous travaillons en interne à rendre les métiers accessibles.
Le transport public touche aussi au vivre ensemble. Qu’est-ce qu’un opérateur comme Keolis peut apporter à cette dimension sociétale ?
Keolis figure parmi les partenaires fondateurs des Points d’information médiation multi services (PIMMS), qui sont de véritables relais pour l’accès aux services publics destinés aux populations en difficulté ou aux territoires enclavés. 3 000 demandes de médiation ont ainsi été traitées en 2022 dans les accueils physiques, portant majoritairement sur des informations concernant par exemple des abonnements. Les équipes des PIMMS assurent également des missions de médiation « mobile », en circulant sur les lignes. Les médiateurs sociaux vont à la rencontre des passagers et des habitants et contribuent à la lutte contre la fraude et au respect des règles dans les transports publics, sans se substituer aux contrôleurs. 800 000 médiations sortantes ont été réalisée en 2022 dans ce cadre. Les PIMMS sont des lieux d’innovation sociale que nous souhaitons mettre en valeur et développer notamment dans le périurbain, avec des structures mobiles équipées des véhicules aménagés.