Stéphane Guenet
Stéphane Guenet 
Directeur général de CFTR et Président de Lacroix-Savac

« Nous restons un opérateur de 1er rang en Ile-de-France » 

La stratégie de CFTR a fonctionné. Constitué pour atteindre la taille critique, Lacroix-Savac a remporté six lots en grand couronne francilienne et reste dans la course pour l’ouverture à la concurrence du réseau parisien. Bilan d’étape avec Stéphane Guenet, président du groupement indépendant. 

Propos recueillis par Sandrine Garnier

Mobily-Cités : L’ouverture à la concurrence des réseaux de bus de grande couronne touche à sa fin en Ile-de-France. Lacroix-Savac a été constitué afin d’atteindre la taille critique nécessaire pour jouer un rôle sur ces marchés. Quels sont les résultats et quel bilan en tirez-vous ? 

Stéphane Guenet : Lacroix-Savac a remporté six lots : Cergy Conflans Achère, les lignes de l’Ouest des Yvelines, le réseau de Saint-Quentin-en-Yvelines, celui d’Etampes Ouest, Montereaux et le Provinois. Notre stratégie a été efficace puisque nous restons un opérateur de 1er rang en Ile-de-France. Il nous reste tout de même le lot 4, celui du Valparisis qui est un lot important, couvrant le territoire historique de l’entreprise Lacroix, pour lequel nous avons déposé la BAFO (Best and final offer), avec une décision d’Ile-de-France Mobilités attendue début décembre.

Comment cela s’est-il traduit concrètement ?

Tout d’abord sur l’aspect humain : cette première phase a été un bel ascenseur émotionnel. Du point de vue opérationnel, il nous a fallu nous adapter afin d’être en capacité de délivrer la qualité de service attendue par l’autorité organisatrice et par les collectivités locales directement concernées. Pour cela, nous n’avons compté que sur nous-mêmes, y compris quand les choses se sont avérées plus compliquées que prévu dans le cas d’une transmission de réseau. A Provins par exemple, où l’ancien exploitant n’avait pas pris la mesure de l’ouverture à la concurrence. Nous avons assuré le démarrage des services coûte que coûte avec les personnels en place, en assurant 95% de l’offre nominale. Nous sommes conscients de l’importance des services publics de transport pour les populations desservies. De façon générale, j’estime que l’ouverture à la concurrence est un système sain et bénéfique, aussi bien pour l’AO que pour les voyageurs. Ile-de-France Mobilités est parvenu à construire un énorme réseau alloti tout en garantissant son unité et sa cohérence. 

Comment garder la motivation intacte dans les équipes dédiées aux appels d’offre ? 

Gagner l’appel d’offre et gérer le contrat sont deux sports différents, mais j’aime faire en sorte que ceux qui ont fait les promesses se retrouvent aux manettes quand il faut tenir ses engagements. Une partie des équipes qui ont travaillé sur les appels d’offre se retrouvent donc dans l’exécution des contrats. C’est aussi un moyen de tisser des relations de proximité avec les instances représentatives du personnel (IRP) et les parties prenantes locales. Nous accordons beaucoup de soin au dialogue et à l’instauration d’un climat de confiance. 

 

Comment abordez-vous l’étape suivante, celle des lots de Paris et petite couronne ?

Cette nouvelle étape a déjà commencé pour nous depuis plusieurs mois. Nous sommes compétiteurs et nous pensons avoir des choses à apporter. Nous n’avons pas d’objectif de part de marché, et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de l’argent. Avec notre partenaire Go Ahead, nous avons identifié trois lots sur lesquels nous pouvons nous différencier, même si notre coeur de métier reste la grande couronne.

 

« NOUS ACCORDONS BEAUCOUP DE SOIN AU DIALOGUE SOCIAL ET À L’INSTAURATION D’UN CLIMAT DE CONFIANCE »

 

Avec l’étalement du processus jusqu’à 2026, cette ouverture à la concurrence commence à ressembler à un marathon…

Ce délai laisse davantage de temps pour réfléchir et préparer les offres. C’est peut-être aussi une bonne chose pour l’opérateur historique, qui doit s’acclimater. On voit bien que la concurrence ne fait pas partie de son fonctionnement, en tout cas pas au niveau de l’EPIC, qui ne donne pas toujours les informations nécessaires pour étudier les lots. Mais je suis certain que le nouveau président de la RATP fera de son mieux pour améliorer les processus et permettre à l’entreprise de se réformer. 

De toute façon, Lacroix-Savac n’a rien à perdre sur ces nouveaux lots…

Répondre à des appels d’offre reste coûteux, et c’est aussi cher quand on perd que quand on gagne. On ne se lance donc pas dans ce genre de processus à la légère. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons noué un partenariat avec Go-Ahead, qui nous apporte beaucoup dans la préparation des dossiers. 

De plus, les autres contrats continuent de courir pendant ce temps, et nous devons aussi anticiper sur les futurs renouvellements. 

En quoi l’expérience de Go-Ahead à Londres est-elle utile pour Paris ? 

La comparaison avec Londres a ses limites. Là-bas, les opérateurs n’ont pas d’objectif de fréquentation. Les contrats portent uniquement sur le niveau du service. Ce sont des différences culturelles profondes. En France, la vision est plus globale, avec la tradition de la gestion déléguée. Go-Ahead nous apporte davantage en termes de robustesse et de construction de l’offre. 

Lacroix-Savac a également remporté une partie des transports pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Comment vous y préparez-vous ? 

Nous allons assurer le transport des fédérations et des équipes du diffuseur et des services dédiés du CIO La flotte nécessaire totalisera 250 véhicules, essentiellement des bus et des cars. Nous allons mobiliser nos véhicules franciliens, mais nous allons aussi puiser dans les flottes de nos filiales. Et c’est la même chose pour les conducteurs. Nous avons effectué des simulations à l’aide de modèles statistiques, mais la bonne vieille méthode des tests sur le terrain reste indispensable. A ce stade, nous sommes raisonnablement confiants et surtout très concentrés, car il faut répondre à l’ensemble des critères fixés pour les Jeux olympiques et paralympiques, ce qui revient à cumuler les exigences françaises, internationales, et celles propres au CIO. 

 

 

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