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Jean-Marc Zulési
Ancien député des Bouches-de-Rhône

« Notre pays a tous les atouts pour réussir »

Dans sa dernière édition, Mobily-Cités a consacré une large part au développement des Services Express Régionaux Métropolitains. A l’époque, le gouvernement n’était pas formé, les orientations politiques n’étaient pas définies. Aujourd’hui, malgré la nomination d’un ministre des Transports connaisseur des sujets et volontariste, l’affirmation au plus haut niveau d’une politique des transports tarde à venir et suscite de nombreuses inquiétudes. Citoyens, élus, demandons de concrétiser le projet national souhaité par le législateur et promis par le Président de la République de « Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) ». 

 

Partons du constat. Dans son dernier baromètre des mobilités du quotidien, Wimow a mis en avant un chiffre fort : 15 Millions de Français sont en précarité de mobilité. Les conséquences de cette précarité sont nombreuses. Difficulté à trouver un emploi, à se former, à se loger, à avoir une vie sociale épanouie. Cette réalité du quotidien révèle une évidence : les SERM sont plus que jamais un outil puissant pour répondre à ces enjeux mais aussi pour accompagner une dynamique forte d’aménagement durable de nos territoires. 

Revenons à l’ADN du texte en citant les objectifs poursuivis par ce texte. Le premier objectif consiste à définir ces quatre lettres « SERM » ainsi que le cadre pour les déployer, « un service express régional métropolitain est une offre multimodale de services de transports collectifs publics qui s’appuie prioritairement sur un renforcement de la desserte ferroviaire. Cette offre intègre la mise en place de services de transport routier à haut niveau de service, de réseaux cyclables et, le cas échéant, de services de transport fluvial, de covoiturage, d’autopartage et de transports guidés ainsi que la création ou l’adaptation de gares ou de pôles d’échanges multimodaux. Ces gares et pôles d’échanges comprennent des aménagements permettant l’accès, le déplacement et l’information des personnes en situation de handicap, dans les conditions prévues à l’article L. 1112-1. Ils comprennent également des aménagements assurant l’accès et le stationnement sécurisés des véhicules de covoiturage, des autres moyens de mobilité partagée et des vélos. » Le deuxième objectif est d’élargir les missions de la Société du Grand Paris (désormais Société des Grands Projets) afin qu’elle puisse utiliser toute son expérience et son expertise dans la conception et la maîtrise d’ouvrage des nouvelles infrastructures. Enfin, le troisième objectif est d’ouvrir un champ de simplification des procédures de mise en œuvre des projets de SERM.

Le texte a été promulgué le 27 décembre 2023. Les premières labélisations ont été annoncées. Les Contrats Plan Etat Région au travers d’un engagement de 900 M€ sont là pour impulser la dynamique. 

Passons désormais à la concrétisation. La réussite des SERM passera notamment par la capacité à accompagner les collectivités locales pour réaliser concrètement ces projets. Plusieurs mesures pourraient être mises en place à court terme : 

  • Une adaptation du schéma de gouvernance au contexte local de chaque SERM. C’est l’occasion de mettre en pratique l’ambition plusieurs fois énoncée de décentralisation et de déconcentration du pouvoir central ; 
  • Une évaluation des besoins d’investissements pour financer les infrastructures ainsi que l’exploitation des services. L’organisation de la conférence de financement prévue par le législateur est indispensable ; 
  • La convergence des différents systèmes de billettique, notamment régionaux et métropolitains : le développement des SERM est une occasion de lancer le « Billet unique SERM autrement appelé le Mobility As the Service à la française » permettant de faire de la multimodalité, une réalité ; 
  • La relance des lignes de desserte fine du territoire, essentielles pour nos concitoyens vivant dans des zones rurales et périphériques. L’innovation doit être au cœur de la réflexion. Cela passe par une régénération du réseau associé, une réflexion poussée sur le report modal en exploitant avec plus d’ambition les données de mobilités. Mais aussi en pariant sur les trains légers (Urban Loop, Draisy, TELLi) qui offrent d’ores et déjà des opportunités intéressantes dans nos territoires.

Donnons-nous les moyens de nos ambitions avec des financements à la hauteur des enjeux. Au global les premiers SERM devraient mobiliser plus de 10 Mds d’€. Comme souvent, le financement de l’infrastructure constitue le cœur de la réflexion mais ne négligeons pas l’exploitation et la maintenance de ces projets. Optimisation des coûts en adoptant un contrat de performance pour chaque SERM, possibilité donnée aux AOM de déplafonner le versement mobilité avec l’accord des représentants des employeurs, mise en place d’une écocontribution sur le e-commerce, augmentation de la taxe Chirac sur les billets d’avion, participation des sociétés concessionnaires d’autoroutes dans le cadre de la renégociation de leur contrat de concession, captation d’une partie des plus-value foncière résultant du déploiement des SERM, fléchage des quotas carbone. Les ressources ne manquent pas. Sans nier la difficulté de les capter, il s’agit de choix politiques à concerter, à travailler avec tous les acteurs pour converger vers des solutions pérennes et répondre aux attentes de nos concitoyens. 

Ne négligeons pas notre capacité à travailler ensemble, notre pays à tous les atouts pour réussir.

Haut les cœurs ! 

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