Île-de-France Mobilités (IDFM) actionne le puissant levier de la tarification pour attirer des automobilistes. Elle s’attend à perdre dans un premier temps « 30 millions d’euros de recettes commerciales par an » en raison du ticket unique vendu à seulement 2,50 € qu’elle proposera en 2025 aux voyageurs occasionnels sur l’ensemble du réseau en Île-de-France, sans limite de distance et avec correspondances RER-train-métro-tram-bus incluses. « Sur environ 4 milliards de recettes annuelles, c’est très limité, et nous pensons que ce coût sera ensuite couvert par le report d’un certain nombre de personnes qui abandonneront la voiture », a expliqué sa présidente Valérie Pécresse en dévoilant le 18 septembre le point d’orgue de la refonte du système de tarification entamée en 2015. L’objectif est à la fois social, écologique et pratique, car le nouveau régime mettra fin à un maquis de 50 000 tarifs différents selon les origines et destinations. Cela intervient alors que l’extension progressive du réseau (débutée avec l’extension récente de plusieurs lignes de métro et qui culminera avec les 200 km du Grand Paris Express) rend les transports en commun plus accessibles.
C’est « une grande victoire pour les usagers du réseau francilien au nombre de quatre millions, et qui ne possèdent pas de Pass Navigo », salue l’association La Vignette du Respect, qui fédère des usagers du RER. En effet, les banlieusards seront les grands bénéficiaires ; en revanche, les usagers se déplaçant uniquement dans Paris intra-muros pour 215 € (173 € avec Liberté +) y perdront au change. Cependant, ils pourront franchir les frontières de Paris sans risquer d’être bloqués en sortant du RER faute d’avoir acheté un billet. Il sera également possible de payer seulement 199 € le billet au lieu de 250 € en adoptant la formule du post-paiement (prélèvement le 15 du mois suivant) via la carte Liberté +, IDFM souhaitant convertir le maximum de gens vers ce support.
Autre évolution : l’établissement d’un ticket bus et tram à 2 € (1,60 € avec Liberté +) et l’application d’un tarif unifié de 13 € pour les aéroports (Orlybus, métro, RER). Si cette révolution tarifaire est adoptée par les administrateurs d’IDFM au mois d’octobre, le prix moyen d’un déplacement occasionnel est donc amené à baisser sensiblement. Bien reçue par la gauche, son adoption aura peut-être pour effet d’affaiblir la vigueur du débat sur la gratuité des transports en Île-de-France, qui a animé la campagne des régionales en 2021. Des tarifs bon marché ne font pas tout. Pour séduire de nouveaux adeptes, l’autorité organisatrice et ses opérateurs devront garantir aux voyageurs du quotidien le même traitement que celui réservé aux touristes pendant la parenthèse olympique cet été : fiabilité, propreté, sécurité.
Marc Fressoz