Lagadec Gildas
Gildas Lagadec
Directeur régional Bretagne, Pays de la Loire, Centre Val de Loire - Transdev

« La Bretagne, laboratoire pour les déplacements de proximité »

Avec sa densité de population et son attractivité, la Bretagne concentre une grande diversité de problématiques de déplacements. Autant d’opportunités pour Transdev d’accompagner les élus dans l’évolution de l’offre, comme l’explique le directeur régional, Gildas Lagadec.

Propos recueillis par Sandrine Garnier

 

Mobily-Cités : Quelles sont les différentes facettes de l’activité de Transdev en Bretagne ?

Gildas Lagadec : La Bretagne illustre la diversité des activités de Transdev : urbain, interurbain, scolaire, transport ferroviaire et maritime, autopartage, location de vélos… pour les déplacements du quotidien et également pour les touristes.

De plus, la culture transports est bien ancrée au niveau de l’exécutif régional : depuis des années, les élus sont très investis et ont développé une vision mature que nous constatons alors dans leurs choix politiques, que ce soit sur le TER avec le report de l’ouverture à la concurrence, ou sur le déploiement de services intermodaux comme la carte multimodale Korrigo, lancée en 2006 et devenue également une carte multiservices.

En Bretagne, Transdev gère des réseaux urbains de villes moyennes. Avez-vous adopté pour cela une approche spécifique ?

En effet, nous gérons les réseaux de Fougères, Dinan, Lamballe, Guingamp ou Pontivy… Mais il faut bien garder à l’esprit une caractéristique locale : la Bretagne compte trois fois plus d’intercommunalités que les autres Régions françaises. Il existe 5 ou 6 intercommunalités de taille moyenne ou grande dans chacun des quatre départements qui la compose, et par conséquent un grand nombre de bassins de vie, et de problématiques de déplacements.

A Guingamp par exemple, à la demande des élus, nous avons déployé et adapté sur un territoire peu dense une palette de de solutions qui paraissent réservées aux grandes agglos : mobilité urbaine, autopartage, Transport à la demande et location de vélos électriques. Cela démontre qu’en ajoutant une strate numérique et commerciale au niveau d’une ville moyenne, il est possible de redynamiser l’offre de mobilité.

Quelle est votre implantation dans l’interurbain, dans les autres modes ?

Transdev détient 25% des parts de marché sur les activités routières régionales, et nous opérons également en sous-traitance pour de grandes agglomérations. Au total, nous opérons 1000 cars sur le territoire, et cette activité représente un chiffre d’affaires annuel de 65 M€. Transdev assure également la desserte maritime des îles du Morbihan : Groix, Belle-Île, Houat et Hoëdic. Enfin, nous opérons en sous-traitance pour la SNCF les lignes ferroviaires Carhaix-Guingamp, Guingamp-Paimpol, soit un total de 90 km. Ce réseau particulier constitue un véritable laboratoire : il nous permet de démontrer qu’avec davantage de polyvalence, on accroit la performance.

Quelle est votre approche de la transition énergétique ?

La guerre en Ukraine a considérablement bousculé les acquis en matière de transition énergétique, et nous restons circonspects. Sur le GNV, alors que le différentiel de TCO par rapport à un véhicule diesel Euro 6 tendait à disparaître, la hausse des prix du gaz a tout remis en question. Quant à la solution électrique, qui commence à se développer dans l’urbain, avec des coûts élevés, elle reste assez limitée en termes d’autonomie pour l’interurbain. Pourtant, nous sommes convaincus de la nécessité de muter plus vite pour réduire les émissions de GES et de polluants locaux, alors que 80% du parc reste du diesel Euro 5 et 6.

Le rétrofit vous semble-t-il pertinent ?

Transdev a été parmi les premiers à engager des projets de rétrofit, notamment en Normandie avec de l’hydrogène à pile à combustible. Nous menons également une expérience de retrofit GNV dans les Pays de la Loire, ainsi qu’électrique, et nous réfléchissons au moteur à combustion hydrogène avec nos partenaires bretons. Mais ces projets innovants nécessitent un investissement ainsi qu’un suivi à moyen – long terme, qui ne correspond pas à la temporalité actuelle des marchés publics. 

Comment avez-vous fait face à la pénurie de conducteurs ?

Nous n’avons pas rencontré de gros problèmes à la rentrée 2022, sans doute parce que nous avons été en mesure d’anticiper les tensions, l’ouest étant la partie de la France la plus impactée par les difficultés de recrutement. Nous avons revu l’ensemble de nos procédures il y a deux ans : rémunération, management, organisation, qualité de vie au travail… nous nous efforçons d’évoluer pour rester attractifs et à l’écoute. Les cycles de formation sont repartis à plein régime depuis la fin des restrictions dues au Covid, et cela joue aussi. Nous voyons même revenir des candidats déjà titulaires du permis D. Mais nous poursuivons nos efforts, car nous savons que les pics de départs en retraite sont encore à venir.

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