« Nous avons été des précurseurs »
Présent dès sa création, puis président de Réunir pendant 17 ans, Alain-Jean Berthelet revient sur les grandes étapes qui ont jalonné l’histoire du groupement. Un chemin de crête entre indépendance et mutualisation, isolement et autonomie, mais avant tout, une histoire d’hommes, de chefs d’entreprises déterminés à défendre leur activité et leur spécificité.
Président de Réunir de 2009 à 2022, Alain-Jean Berthelet fait partie des fondateurs du groupement. « En 1998, nous étions quatre entreprises, dont trois en Rhône-Alpes, Planche, Faure, et Berthelet, avec Darche-Gros en Ile-de-France. Et j’étais le plus jeune… », se souvient-il, en esquissant un sourire. La pudeur reprend vite le dessus chez cet homme à la forte personnalité, qui répugne à se livrer. Mais l’émotion n’est pas loin quand il évoque ses amis Olivier Planche et Etienne Miquel, , aujourd’hui disparus. « Dès le départ, l’idée était de fédérer les PME. Et au-delà de l’association, Olivier Planche imaginait même créer une structure capitalisée par les différents adhérents, de manière à pouvoir intervenir directement sur le marché. Mais ça ne s’est pas concrétisé de cette manière », poursuit-il. L’idée a pourtant fait son chemin et essaimé vers l’ouest, pour devenir RGO Mobilités.
12 adhésions sont enregistrées avant la première assemblée générale. En moins d’une année, les fondateurs de Réunir réussissent à convaincre une trentaine d’adhérents de les rejoindre pour rompre l’isolement des PME, mutualiser leurs compétences, et mieux s’organiser. Avec Stéphane Duprey, directeur général de l’association, ils créent rapidement les structures nécessaires pour appuyer les PME sur le social, les réponses aux appels d’offre, les achats… les premiers mois, le quartier général de Réunir est installé dans un appentis de la rue Lamarck, avant de prendre ses quartiers au 94, rue Saint-Lazare en 1999. « Le groupement s’est développé avec des services de plus en plus efficaces et de plus en plus utilisés par les adhérents. Notre capacité de négociation a porté ses fruits en matière d’assurances, ou encore sur les marchés occasionnels grands comptes avec Réunir FIT, devenu Saybus. La mise en place de Cassiopée a également beaucoup apporté, en contribuant aussi à améliorer les paramètres des conducteurs formés à l’écoconduite et à la prévention du risque routier. Nous avons été véritablement précurseurs », reprend Alain-Jean Berthelet.
Faire partie d’un collectif
Il fallait plus de 3000 véhicules pour pouvoir engager une négociation sur les assurances. Le cap a été franchi en 1999, ce qui a permis de créer un cabinet de courtage qui appartient aux adhérents. Parallèlement, l’équipe s’est attelée à la mise en place de la Certification Qualité, pensée dès le début comme une aide à l’organisation, et pas du tout comme une contrainte. Validée par l’AFNOR en 2001, elle devient obligatoire pour les adhérents à la fin de l’année suivante. On ne vient pas chez Réunir par opportunisme ou pour consommer une offre de produits et services, mais pour faire partie d’un collectif. C’est un engagement, une dynamique. La formation en fait partie. Là encore, Réunir va se doter d’un outil innovant et adapté aux attentes de ses adhérents : l’autocar Cassiopée, équipé d’un simulateur de conduite, permet de faire venir la formation à ceux qui en ont besoin.
Réunir fait la preuve de son efficacité, et continue d’attirer des entreprises. Dès 1999, le groupement va à la rencontre des professionnels, dans les Salons Autocar Expo, Top résa ou les Rencontres nationales du Transport public. Partout, les PME de l’autocar font entendre leur voix et valoir leur différence, que ce soit sur les marchés du tourisme, de l’occasionnel ou sur les lignes conventionnées. Le groupement leur permet d’être plus réactives et de s’adapter aux évolutions réglementaires, et de garder leur place dans le transport routier de voyageurs. Sans s’opposer systématiquement aux groupes, avec lesquels elles travaillent au quotidien. Mais sans excès de naïveté non plus. « J’ai vu les choses évoluer, avec le développement des marchés publics et les appels d’offre de plus en plus gros, de plus en plus complexes qui nécessitent des compétences spécifiques. Là encore, les équipes de Réunir accompagnent les adhérents, les aident à rester vigilants et organisés pour répondre et défendre leur activité. Certains d’entre nous ont d’ailleurs réussi à reprendre des marchés de transport urbain », indique Alain-Jean Berthelet. La force du collectif n’est plus à démontrer.