C’est officiel, le président de la République Emmanuel Macron ne sera pas capable de désigner le successeur de Jean-Pierre Farandou à la tête de la SNCF avant la rentrée.
On l’a appris indirectement, de la bouche du PDG sortant de la SNCF lors d’une conférence de presse sur la politique d’innovation technologique du groupe le 25 juin. Atteint par la limite d’âge, il est censé rendre les clés de son bureau le 4 juillet, jour de ses 68 ans.
Interrogé sur sa situation personnelle, le PDG sortant a éclairci les choses : « On m’a demandé lors du conseil d’administration du 19 juillet de prolonger mon interim jusqu’à l’automne, j’ai accepté même si j’avais commencé à organiser ma nouvelle vie. » Ironie du sort, « aucune limite d’âge ne s’applique à un PDG par intérim » souligne-t-il.
Rappelons que Jean-Pierre Farandou exerce sous ce régime depuis mars 2024. A cette époque, le gouvernement décide de ne pas le reconduire mais lui accorde un sursis jusqu’aux JO de l’été 2024. Arrive la dissolution qui renverse la situation, et enfin cette prolongation qui sera entérinée à l’AG du groupe le 30 juin.
Apparaissant très remonté à cause des errements d’Emmanuel Macron, le patron des cheminots n’est pas mécontent de poursuivre sa longue histoire avec la SNCF. « Cette entreprise c’est la mienne ». Mais il sait cette situation de flottement dommageable pour l’avenir du groupe SNCF, en position fragile à un moment où l’Etat prépare pour l’automne des choix budgétaires drastiques.
Bercy s’apprête d’ailleurs à administrer début juillet une douche froide aux organisateurs d’Ambition France transports, un processus qui arrive à terme. Tout le monde y rêve d’argent supplémentaire alors que la dette publique franchit un record de 3345 milliards d’euros.
Faute d’un nouveau PDG en poste pour défendre l’entreprise publique, Jean-Pierre Farandou s’en charge comme lobbyiste d’intérêt général. Il ne peut compter que sur son énergie et sa force de conviction. Son but : espérer convaincre l’Etat de dégager dans les prochaines années 1 milliard d’euros supplémentaire pour entretenir le réseau qui se dégrade.
« C’est comme la chaudière d’une maison, il faut l’entretenir sinon elle finit par tomber en panne » compare-t-il. Le patron du groupe prédit autrement un tableau apocalyptique, une attrition du réseau, un dérèglement de la mécanique financière vertueuse née de la réforme législative de 2019 : « Vous imaginez la SNCF accroitre sa dette pour faire remonter de l’argent à l’Etat ? »
« J’incarne la réforme de 2019, je suis le président qui a mis en place cette réforme » lance Jean-Pierre Farandou.
Qu’incarnera son successeur ?
Marc Fressoz