« Répondre à la fois aux besoins des habitants et des touristes »
Augmentation de l’offre de transports en commun, lancement d’un service de TàD, soutien au vélo… l’alternative à l’auto-solisme est devenue une réalité autour de Cherbourg. Une politique volontariste portée par le président de la communauté d’agglomération du Cotentin, David Margueritte.
Propos recueillis par Sandrine Garnier
Mobily-Cités : Comment avez-vous préparé la mise en place de l’offre de mobilité Cap Cotentin ?
David Margueritte : La communauté d’agglomération du Cotentin regroupe 9 anciennes communautés de communes et 2 communes nouvelles, soit 129 communes, pour un total de 185 000 habitants. Aussi rurale qu’urbaine, elle s’étend sur près de 1500 km2. Il nous fallait mettre en place un service public de proximité, pour répondre à la fois aux besoins des habitants et des touristes. Les études que nous avons menées ont montré que 9% des ménages ne sont pas motorisés dans le Cotentin, et ce chiffre s’élève à 15% à Cherbourg-en-Cotentin. Par ailleurs, beaucoup de foyers aspirent à se passer de leur 2e ou 3e véhicule. Et c’était avant les tensions sur le prix des carburants ! La première étape a été d’unifier notre réseau le 30 août 2021, avec une hausse de la fréquence des bus sur les lignes intercommunales. Celle-ci sera multipliée par 6 d’ici 2023. Après une première expérimentation d’un an sur 11 communes périphériques de Cherbourg-en-Cotentin, nous avons lancé en juillet 2022 le service Cap à la Demande sur l’ensemble du territoire. Ces navettes relient les centres-bourgs au moyen de lignes virtuelles, avec 513 points d’arrêt sur l’ensemble du territoire. Cette offre n’a pas d’équivalent en France.
Quels sont les premiers résultats en matière de fréquentation ?
Les objectifs ont été dépassés avec une multiplication de la fréquentation par 2,5 en 10 mois (septembre 2021 à juin 2022) sur les lignes intercommunales et une hausse de 5,6% sur le réseau urbain sur le dernier trimestre. La fréquentation de Cap à la Demande est également très bonne. Nous recevons beaucoup de retours positifs, notamment de parents qui n’ont plus à faire le taxi pour emmener leurs enfants pratiquer différentes activités, des jeunes qui peuvent sortir à Cherbourg sans prendre leur voiture. Dans un contexte où le coût du carburant impacte de nombreux ménages, nous apportons une réponse concrète au pouvoir d’achat des habitants.
Nous avons, en effet, décidé d’une tarification à 1€, car nous souhaitions donner un signal fort à nos concitoyens et les inciter à adopter les transports publics. Ce tarif s’applique aussi depuis mars 2022 sur la liaison ferroviaire Valognes – Cherbourg, où la fréquentation a été multipliée par six en quelques mois.
Comment ce service est-il financé ?
Le seul outil dont nous disposons est le versement mobilité, que nous avons décidé d’augmenter de 1,1 à 1,5%. Auparavant, le VM ne s’appliquait qu’en secteur urbain, à Cherbourg-en-Cotentin. L’extension du VM a suscité des inquiétudes, mais la nouvelle offre rencontre un vrai succès avec la hausse de la fréquentation que j’évoquais. Je précise également que la moyenne du VM appliqué dans les territoires comparables au nôtre est de 1,67%. Nous sommes donc en-dessous. Cette ressource devrait se monter à environ 23 M € en année pleine.
Pour dimensionner l’offre, nous aurions pu nous baser sur l’état de nos ressources, mais nous avons préféré faire l’inverse. Les premiers résultats nous démontrent que ce calcul a été le bon. Et nous allons continuer à proposer une offre lisible et multiple d’alternatives à l’auto-solisme, avec notamment le lancement d’une expérimentation d’auto-stop organisé. Nous soutenons également le covoiturage quotidien, développé avec Klaxit, pour lequel nous apporterons une subvention en 2023. Ce type de solutions nous permet de diversifier l’éventail des services proposés par Cap Cotentin tout en répondant aux attentes des entreprises.
Comme le prévoit la loi, notre Comité des partenaires se réunit une fois par an. Ces rencontres sont l’occasion d’évaluer notre offre auprès des partenaires et d’y apporter d’éventuelles évolutions en fonction de leurs retours.
Quelle est votre action en matière de soutien au vélo ?
Nous avons mis en place un service de vélos à assistance en électrique en location courte et longue durée, qui a rencontré un énorme succès. Au vu de la demande, la flotte de 400 VAE proposé à la location va être portée à environ 750 d’ici janvier 2023. En lien avec le département et les communes qui partagent la compétence sur le réseau cyclable, nous nous sommes engagés dans un travail de réflexion sur l’identification des itinéraires cyclables et des aménagements locaux à conduire. Là encore, l’objectif est de lever les points noirs freinant la pratique du vélo pour en favoriser la pratique et développer les mobilités alternatives sur notre territoire.