Thierry-Mallet Transdev
Thierry Mallet
Président de l’Union des Transports Publics et Ferroviaires (UTPF) PDG de Transdev

En prenant la présidence de l’UTPF, je porte une conviction profonde : les transports publics et ferroviaires ne sont pas qu’une question de déplacements. Ils constituent un instrument fort de cohésion sociale, indispensable pour réduire les disparités territoriales et construire une société plus inclusive.

 

L’impératif du choc d’offre

Les transports urbains traversent une période de profonde transformation. Les attentes des citoyens, des élus, des entreprises se rejoignent sur un point : la mobilité n’est plus un simple service public, c’est un enjeu de cohésion nationale. 

L’enjeu est d’autant plus crucial que nous connaissons la réalité de nos territoires : 98% des habitants des zones périurbaines et rurales utilisent leur voiture chaque jour, faute d’alternatives viables. Un quart des Français refuse un emploi ou une formation parce qu’ils ne peuvent s’y rendre. Cette situation creuse les inégalités sociales et territoriales.

Davantage que le cœur des villes, c’est en périphérie que se situe la source de croissance majeure, là où l’offre ne représente encore que 10% à 25% des besoins. Il faut donc un choc d’offre en périphérie ! Ce choc d’offre, la conférence Ambition France Transports l’a jugé « indispensable ».

Les Français le confirment : notre récent observatoire de la mobilité révèle que 9 Français sur 10 souhaitent que les transports en commun se développent. Ils reconnaissent massivement les externalités positives de nos services : permettre à tous de se déplacer (85%), améliorer la qualité de vie urbaine (82%), réduire la pollution (80%) et créer des emplois sur le territoire (80%).

 

Quatre axes pour transformer notre secteur

Pour concrétiser cette ambition et répondre aux attentes de nos concitoyens, le séminaire stratégique de l’UTPF a défini quatre axes d’action qui guideront notre feuille de route pour les deux années à venir.

Porter une politique sociale ambitieuse pour le secteur. La transition de notre secteur ne se fera pas sans nos collaborateurs. Nous poursuivons la construction de la convention collective nationale ferroviaire et la refonte des classifications dans le transport urbain. Au-delà des négociations sociales, nous agissons concrètement sur la réduction de l’absentéisme par des actions de prévention et de lutte contre les incivilités. Les transports publics doivent rester un espace de cohésion sociale où nos personnels peuvent exercer leur mission en toute sérénité.

Développer l’attractivité du secteur et de ses métiers. Face aux transitions écologique et numérique, nous devons créer les outils nécessaires au développement des compétences et valoriser nos emplois locaux, non délocalisables. Avec le projet Transformeurs, nous structurons l’appareil de formation de la branche, renforçons les liens entre l’École et nos entreprises. Notre objectif : recruter et fidéliser les talents dont nous avons besoin.

Créer un environnement favorable au développement du secteur. Sans ressources pérennes, pas de choc d’offre possible. Nous nous mobilisons pour que la future loi-cadre grave dans le marbre l’objectif de 1,5 milliard d’euros par an supplémentaire à compter de 2028 pour la régénération du réseau ferroviaire et pour sécuriser des financements européens. L’ouverture à la concurrence doit servir les voyageurs et le fret, avec une égalité d’accès aux données entre tous les opérateurs. Nous devons également résoudre des questions essentielles : assurabilité des véhicules, mise en œuvre de la loi Tabarot pour renforcer la sûreté, décarbonation avec un mix énergétique équilibré, déploiement des nouvelles technologies ferroviaires… 

Chaque euro investi dans la mobilité publique se traduit par moins de pollution, moins de congestion, plus de liberté et de sécurité pour chacun. C’est par la cohésion sociale que nous pourrons réussir la transition écologique. 

Positionner l’UTPF et ses entreprises en experts de la mobilité durable. Nous devons anticiper les évolutions de long terme qui transformeront nos usages : transition démographique avec le vieillissement de la population, nouveaux modes de vie, innovations technologiques. Nous engageons un travail prospectif pour bâtir des scénarios de développement du secteur à horizon 2040, valoriser la capacité d’innovation de nos entreprises et analyser les mutations sociétales qui impacteront durablement la mobilité.

Une vision au service de tous
Notre mission est claire : construire une politique publique de mobilité efficace en proposant le bon mode de transport au bon endroit, au meilleur coût pour la collectivité.

Les avantages des transports publics et ferroviaires ne sont plus à démontrer. Un abonnement mensuel coûte seulement 31 euros dans les villes de province contre 420 euros pour une voiture. Un bus retire 40 voitures de la circulation, un train de marchandises remplace 40 camions. Les transports collectifs génèrent 50 fois moins de gaz à effet de serre que le transport routier individuel.

C’est dans un climat apaisé, avec des financements sécurisés et une profession unie, que nous relèverons ce défi de la cohésion sociale. Notre ambition commune est de faire des transports publics et ferroviaires un véritable levier d’inclusion et de progrès pour tous les territoires.

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