Le million de voyageurs quotidien du RER B va devoir encore patienter. Les nouveaux trains MI20 destinés à renouveler le parc, ne sont pas attendus avant la fin 2028… au mieux. Un sérieux retard sur le calendrier initial qui compromet sérieusement l’efficacité d’une ligne dont la fréquentation ne cesse de progresser.
Le PDG d’Alstom Henri Poupart-Lafarge, est venu s’en expliquer auprès d’IdFM lundi dernier, réaffirmant les multiples contrats honorés dans les temps par le constructeur, à commencer par les métros MP14 et MF19 ou encore le tramway TW20. Le problème du MI20 tient plutôt à l’histoire de la ligne B. Le RER, c’est la première « interconnexion » d’Ile-de-France, une ligne exploitée sur les voies RATP et SNCF avec le même matériel. En 1977 lors de sa création, le RER B a repris l’antique ligne de Sceaux modernisée en 1938, qui sera à partir de 1981 accolée à la ligne SNCF Roissy-Rail vers l’aéroport avec la branche de Mitry. A cette époque, on invente un matériel compatible aux deux réseaux, le MI79.
Malheureusement, c’est toujours ce même train (avec quelques séries de MI84), qui circule aujourd’hui sur la ligne. Un matériel qui a fait largement son temps, malgré ses rénovations. Pour le remplacer, la région a commandé un RER MI20, réalisé en consortium entre Alstom (voitures intermédiaires) et CAF (motrices d’extrémité). L’erreur, soulevée par Valérie Pécresse elle-même, aura été de vouloir un matériel spécifique qui n’existe pas au catalogue des industriels. L’idée de départ reposait sur la nécessité de s’adapter au gabarit spécifique de l’ancienne ligne de Sceaux, qui interdisait notamment le RER NG. Sauf qu’il a fallu partir d’une feuille blanche, et concevoir un nouveau train de A à Z. C’est précisément là que les retards se sont accumulés. En plus de la conception, il faut même multiplier les homologations, de quoi faire encore déraper le calendrier.
Au final, la date de livraison a été plusieurs fois repoussée, avant la promesse d’Alstom l’an passé, de rattraper le retard en cours de production, pour conserver l’échéance de fin de livraison fixée à 2032. L’idée était d’ajouter une chaîne supplémentaire dans les usines de montage.
Malheureusement, les experts ont jugé sévèrement le rapport coût/bénéfice de cette option, repoussant encore de 6 mois l’échéance de livraison à courant 2029. Impensable pour Valérie Pécresse qui a demandé des efforts supplémentaires à Alstom. Un accord semble se dégager pour une livraison (sous réserve) à la fin 2028. Le PDG se veut d’ailleurs rassurant, indiquant que la phase de développement est achevée, et que le premier train est en cours de montage. Rendez-vous en avril 2026 pour sa présentation officielle.
Philippe-Enrico Attal