Vendredi 15 novembre 2024, les rues de Montpellier étaient animées par la deuxième soirée de la 9e édition de Cœur de Ville en Lumières. Mais ce soir-là, ce n’étaient pas seulement les illuminations qui brillaient : les cellules compteuses des bus et trams de TaM Montpellier 3M ont, elles aussi, chauffé. Pour la première fois, la barre symbolique du demi-million de passagers en une seule journée a été dépassée. Selon TaM, 510 715 personnes ont voyagé sur les 4 lignes de tramway et les 41 lignes de bus du réseau. Un record historique qui témoigne d’une transformation en profondeur des habitudes de mobilité.
Sur les réseaux sociaux, Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole, n’a pas caché sa satisfaction. Depuis la mise en place de la gratuité des transports réservée aux 500 000 habitants de la Métropole, le 21 décembre 2023, la fréquentation du réseau a bondi de 30 %. « C’est la preuve qu’avec cette mesure, les habitudes de mobilité changent », s’est-il félicité, ajoutant que cette initiative soutient non seulement le pouvoir d’achat des travailleurs, retraités et jeunes, mais constitue également une réponse écologique face au défi climatique.
La gratuité des transports est une mesure phare, souvent applaudie mais aussi controversée. À Montpellier, elle a clairement stimulé la fréquentation des transports en commun, devenant un outil puissant pour encourager des modes de déplacement plus durables. Michaël Delafosse voit également en cette mesure un levier pour réinventer la mobilité urbaine : « Avec le prolongement de la ligne 1 vers la gare Sud de France, la nouvelle ligne 5 de tramway et la première ligne de BusTram attendue en 2025, Montpellier continue de dessiner un réseau moderne et accessible à tous. »
Mais, tout n’est pas rose dans le monde de la gratuité. Récemment, Guillaume Guérin, président LR de Limoges Métropole, a qualifié ce dispositif de « fiasco économique ». Une critique qui souligne les défis financiers que pose un tel modèle, notamment pour équilibrer les budgets des collectivités locales. En effet, rendre les transports gratuits implique une compensation massive par d’autres sources de revenus, souvent par le biais d’une fiscalité locale accrue.
Malgré les critiques, Montpellier n’est pas isolée dans son choix. D’autres villes en France et à travers le monde expérimentent ou adoptent des formes de gratuité des transports en commun, chacune ajustant le dispositif à ses besoins et capacités. Ces initiatives s’inscrivent dans une tendance globale à repenser la mobilité urbaine, face à des enjeux cruciaux : saturation des réseaux routiers, lutte contre la pollution et adaptation au changement climatique.
Dans le cas de Montpellier, le pari semble pour l’instant payant. Avec 510 715 voyageurs en une seule journée, la ville démontre que rendre les transports accessibles peut changer profondément les comportements, attirant non seulement les habitués mais aussi de nouveaux usagers.
L’année prochaine s’annonce déterminante pour la Métropole montpelliéraine. Avec l’arrivée de nouvelles infrastructures majeures – BusTram, prolongement de la ligne 1 et lancement de la ligne 5 – le réseau de transports pourrait bien s’affirmer comme un modèle de mobilité intégrée et durable. Reste à voir si cette dynamique se poursuivra et si les gains en termes de fréquentation suffiront à contrebalancer les défis économiques soulevés par la gratuité.
Pour l’heure, la ville de Montpellier peut se targuer d’avoir franchi un cap symbolique, confirmant l’impact de sa politique audacieuse sur le quotidien de ses habitants et sur l’avenir de ses transports en commun. Une leçon pour les autres métropoles en quête d’inspiration.
PL