Portrait-Laurent-Ponsot
Laurent Ponsot
Président d’Autocars Ponsot

« Si on ne change pas, les pénuries de conducteurs vont continuer » 

 

L’autocariste des Alpes-Maritimes qui n’a pas à se plaindre de la conjoncture dans sa région explique les raisons de son choix de mix énergétique fondée sur le HVO et l’électrique. S’il a bénéficié d’un bon coup de pouce de la région Sud, les perspectives de soutien sont plus incertaines. Laurent Ponsot en profite pour livrer ses recettes face à la pénurie de conducteurs. 

 

Mobily-Cités : Comment se porte votre activité en ce moment ? 

Laurent Ponsot : Ce serait malhonnête de dire que cela va mal. Elle se porte très bien au point qu’il m’a fallu louer des cars en tourisme pour faire face à la demande. En grand tourisme sur 10 véhicules, 2 sont loués. Je pense que c’est propre aux Alpes Maritimes, dans d’autres régions, ce n’est pas la même chose. On a la chance, ici de toujours avoir du monde. Mais peut-être est-ce dû aussi au fait qu’un certain nombre de transporteurs se sont réorientés après le Covid vers le conventionné. Cela se traduit globalement par un manque de car et par un manque de conducteur. 

Après le Covid, vous avez élargi votre activité au conventionné, qu’est-ce que cela pèse ? 

A côté du tourisme et du grand tourisme, le conventionné représente entre 35 à 40 % de l’activité à travers une ligne urbaine exploitée en électrique et du transport scolaire. Au total, l’entreprise possède 26 cars et deux bus, des MAN et des Evobus sur le tourisme, les Iveco constituant le reste du parc. 

Du côté de activités conventionnées, est-ce que le critère prix reste prépondérant chez les AOM ? 

Oui, cela reste le critère dominant dans le meilleur des cas, on est à 60-40 %. A la sortie du Covid, nous avons pu remonter les tarifs, malheureusement aujourd’hui, certaines entreprises tirent vers le bas. Peut-être est-ce dû à la fin du PGE. J’ai évidemment la crainte que cette tendance s’accentue en raison des économies demandées aux collectivités. Pour ma part, un peu égoïstement, au regard de la durée de ma DSP, je suis tranquille quatre ans pour l’une et six ans et demi pour l’autre, mais cela risque d’être difficile pour ceux qui, venant du tourisme, sont allés dans le conventionné. 

La région Sud vous a-t-elle soutenu correctement pour migrer vers l’électrique ? 

Sans l’aide de la région Sud, je n’aurai pas pu acheter des bus qui valent le double du coût d’un véhicule thermique. Elle a financé à hauteur de la moitié sous forme de subvention l’achat du véhicule électrique. En entendant que ces aides vont s’arrêter un peu partout, je me dis : bon courage pour passer à l’électrique sans subvention ! J’ai l’avantage de m’être déjà équipé il y a deux ans et demi et d’avoir donc déjà investi dans l’installation. Si j’achète un véhicule électrique en interurbain, je suis déjà paré. Pour une PME installer une borne, un transfo, en plus d’acheter les véhicules, ce n’est pas anodin. 

Avez-vous d’autres investissements en vue ? 

Je suis en train d’acheter un car électrique en interurbain avec une autonomie de 200 à 300 km par jour qui permettra de faire du scolaire, du mixte. Il n’existe pas dix milles solutions sur le marché. Il y a du Yutong, Iveco propose son Crossway et Mercedes arrive mais avec deux ans de délais… 

Quid des CEE ? 

Ce dispositif assez récent financé par les obligés est une très bonne chose, moins intéressante cependant que l’aide de la région. Aujourd’hui, si j’achète un véhicule électrique qui vaut 

 

Propos recueillis par Florence Guernalec

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Pierre Talgorn

Pierre Talgorn

Directeur Général Adjoint France en charge de l’Ile-de-France pour Transdev