À partir du 1er janvier prochain, les Franciliens découvriront une nouvelle ère dans leurs habitudes de déplacement : une tarification unique pour tous les transports en commun de la région Île-de-France. Cette annonce, faite par la RATP et Île-de-France Mobilités (IDFM), promet une simplification inédite d’un système jugé jusque-là complexe et parfois injuste. Mais derrière cet élan de simplification se cachent des enjeux sociaux, économiques et environnementaux majeurs.
Pour Valérie Pécresse, Présidente de la Région et d’Île-de-France Mobilités, cette décision répond à une double exigence : écologique et sociale. « Aujourd’hui, nous avons des grilles tarifaires incompréhensibles, avec 50 000 tarifs différents, totalement injustes. Chaque Francilien doit avoir le même droit de se déplacer, au même prix », a-t-elle déclaré.
En effet, jusqu’à présent, les usagers occasionnels se retrouvaient souvent contraints d’acheter plusieurs titres de transport pour effectuer un trajet combinant métro, RER, train ou bus. Cette complexité décourageait parfois les déplacements, renforçant les fractures sociales et territoriales entre les habitants du cœur de Paris et ceux des zones périphériques.
Avec ce changement, la RATP et IDFM souhaitent harmoniser les déplacements tout en renforçant l’attractivité des transports publics dans une région où la voiture individuelle reste un choix prédominant pour de nombreux Franciliens.
Mais cette simplification ne fera pas que des heureux. Un million d’usagers, notamment les Parisiens ne voyageant qu’à l’intérieur de la capitale, devront faire face à une augmentation des coûts. Les utilisateurs réguliers du métro pourraient ainsi payer jusqu’à 8 € de plus pour dix trajets, soit 25 € contre 17,35 € actuellement.
Après le « choc d’offre », le « choc tarifaire ».
Pour l’amortir IDFM prévoit d’étendre le Pass Liberté+, un système permettant de payer uniquement les trajets réellement effectués par prélèvement mensuel. À cela s’ajoutera une remise de 20 % sur le plein tarif. Ainsi, un ticket de métro ou de RER coûtera 1,99 €, contre 2,10 € aujourd’hui, et un trajet en bus ou en tram 1,60 €.
Dans le cadre de cette révolution tarifaire, le carnet de tickets en papier, icône des transports parisiens, vit ses derniers instants. Il sera progressivement remplacé par des solutions numériques comme le Pass Navigo Easy, qui permettra de charger jusqu’à 30 tickets à tarif unique. Toutefois, ces alternatives seront moins avantageuses financièrement : il faudra désormais débourser 75 € pour 30 trajets, contre 52,05 € aujourd’hui pour un carnet de dix.
Si cette mesure vise principalement les résidents franciliens, elle soulève des questions pour les touristes et les visiteurs occasionnels. Ces derniers devront payer 2,50 € par trajet, un coût susceptible d’alourdir le budget des familles en visite. Pour pallier cet inconvénient, IDFM et la RATP prévoient de promouvoir des offres spécifiques, comme le Pass Navigo Jour à 12 € ou le Pass Paris Visite à 29,90 €, incluant l’accès aux aéroports.
Cette réforme marque une étape cruciale dans la transformation des mobilités en Île-de-France. Si elle promet de rendre les déplacements plus justes et accessibles, elle soulève également des défis importants : accompagner les usagers dans cette transition, garantir l’équilibre financier d’IDFM et maintenir l’attractivité du réseau face à la concurrence des modes de transport alternatifs.
Le 1er janvier 2025, ce sera donc à tous les Franciliens de décider si cette révolution tarifaire tient ses promesses d’équité et de simplicité, ou si elle ne fera qu’ajouter une couche de complexité dans le quotidien de millions d’usagers…
PL